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Ousmane Sonko : un phénoménal schisme politique

Pour diverses raisons, le champ politique sénégalais s’est mué en une sorte d’espace virtuel et physique hostile avec le massif engouement des jeunes à partir de 2016. Une participation singulière en ce qu’elle a changé de forme. Les jeunes sont aujourd’hui à l’assaut des instances de décision et ne sont plus de simples militants dédiés au vote. Ils veulent être maîtres de leur sort. Leur point de vue est tel que le « système » les a englouti. Un nouveau discours survient et fait appel à la rupture éthique des dirigismes traditionnels ou postcolonial qu’a connu le pays. 

L’homme politique derrière cette nouvelle vague se nomme Ousmane SONKO. Il est le nouveau prophète, le messie et est reconnu comme une bonne nouvelle pour la démocratie sénégalaise.

Disons, en somme, qu’il venait de naître le phénomène politique sénégalais du 21ème siècle. 

De l’avènement du commerce de son discours jusqu’à son contenu actuel, empreint graduellement d’un caractère insurrectionnel, il est apparu un remous qui sera accompagné d’une crise Socio-politique jamais connu de notre histoire.

Mais avant cela, il y a un projet. Ce dernier prend source dans cet ouvrage intitulé « Solutions pour un Sénégal nouveau »

C’est un livre qui, tout au long est auréolé de critiques des politiques publiques particulièrement celles du gouvernement de Macky Sall ; et s’analyse rigoureusement comme la présentation d’un projet, d’une vision politique.

A partir du chapitre 4, apparaît des propositions progressistes axées sur un modèle d’industrialisation de substitution aux importations « produire par et pour nous et viser le monde », un ensemble de redressements fiscaux, une horde de toilettages institutionnels révolutionnaires : allant de la réduction des prérogatives du président de la République, du président de l’Assemblée Nationale jusqu’à de fortes mesures de décentralisation du pouvoir de l’Etat, à la promotion d’un secteur privé compétitif de PME/PMI, etc.

Dans cette optique, il prêche pour un Sénégal décomplexé, animé de patriotisme fort, et rompant avec les traditions politiques vicieuses.

C’est ainsi, qu’il met un point sur le sens du triptyque : travail, éthique et patriotisme. Commence, ensuite l’opération déconstruire/proposer, dans une audacieuse ambition de reprendre le contrat social sénégalais.

Après une quarantaine de pages de marketing politique, il tente de scruter ce qui serait à l’origine du mal, le système.

Une longue liste de mesures politiques réformistes seront proposées dans les chapitres restant avec des rubriques telle que, le modèle de pouvoirs publiques, les mécanismes de financement, le modèle de secteur privé, le modèle de citoyen et le modèle d’assistance sociale ; et consiste en somme au projet tant revendiqué.

Le Sénégal a signé des contrats de concession, renégocier les contrats pétroliers aurait probablement des risques de dommages et intérêt, qu’en pensez-vous ?

Voilà encore un défi majeur que de renégocier les contrats dits léonins, qui d’après les chiffres donnés dans le livre, leur profit devra quitter le taux de 1,4%  (144milliards) dans la formation du PIB et avoisiner 10% (890 milliards).

La stratégie avancée consiste à à réduire les périmètres concédés, inciter l’abandon partiel de superficie par les concessionnaires afin d’avoir des blocs nouveaux qui seront concédés par un nouveau code pétroliers plus intéressant pour le Sénégal. 

Tout ceci reste un peu contemplatif. Il faudra donc des démarches structurées et stratégiques même si le champ des renégociations est souvent bien miné. Les acteurs en amont et en aval de l’exploitation du pétrole et du gaz sont très belliqueux et peuvent porter des coups durs à l’économie, plusieurs pays en ont fait les frais ; d’autres une petite portion ont eu du succès dans leur processus de renégociations.

À mon avis, il manque un peu plus de détails sur les concessions faites aux firmes internationales. Peut-être il l’aurait mentionné en profondeur dans son livre « pétrole et gaz : chronique d’une spoliation. »

Aurez vous le temps de créer des entreprises privées nationales dans le secteur industriel capable de relever le défi de transformation des productions de matières premières en 5ans ? Tenant en compte, l’externalité positive ou négative sur le chômage des jeunes ? 

 

Pour une économie compétitive, il faut trouver des investissements durables. Le projet relaté dans solutions demande des ressources énormes véritables leviers d’une économie informelle de survie à une économie de grande production. Comme relever dans le chapitre 8 « Par quels mécanismes de financement ? », l’impôt, les ressources naturelles, la dette et l’aide au développement sont les trois leviers de mobilisation de ressources de l’Etat. Or l’idéologie politique de pastef reste hostile aux dettes démesurées et des contraintes de l’aide au développement. Ce qui fait du système d’imposition, des recettes sur les ressources naturelles et probablement du système monétaire les greniers dudit projet.  Même si l’on lui reconnaît, le souhait de vouloir contenir la dette publique et de privilégier l’investissement Direct Étranger. 

Il aura oublié le partenariat public/privé. 

En tous cas, c’est un autre moyen efficace de mobilisation de fonds déjà proposé dans le PSE.

Ainsi, ce qui me semble être déductible à travers  cette remarque, c’est un financement tabler sur la théorie et non de la réalité d’un tel projet qui ferait du Sénégal un pays réellement émergent avec des taux de croissance endogène. Ce qui, pour ce faire dépendra largement d’entreprises prêt à profiter du dividende démographique.

Car toute la politique de l’emploi sera largement axée sur le recrutement industriel.

L’ensemble des mesures promues relève de l’ordre structurel. En conséquence leur fruit ne se verra peut-être pas subséquemment. C’est pour cette raison qu’on s’est interrogé sur la durée de mandat et la faisabilité du projet tant enchanté.

 

Les secteurs ciblés peuvent être considérer comme les secteurs prioritaires et les mesures idoines comme le vaccin de l’infection institutionnelle qui gangrène notre pays depuis les indépendances.

L’appel au don de soi projeté renferme toute la carrure d’un projet destiné à servir le peuple. Si toutefois l’allégeance des citoyens est achalandée à petits prix et des t-shirts, c’est qu’il y a anguille sous roche.

 

Par contre, l’absence de bibliographie et de références rendent les arguments relatés peu fiables. Ces données utilisées tout au long du livre devraient être garanties car il y va de la véracité des analyses et solutions proposées.

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Cesti Info

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