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Report de la présidentielle : La grande désillusion du DJ Jack Francis

Détenteur et animateur de matériel de sonorisation, Jack Francis avait misé gros sur l’élection présidentielle devant se tenir initialement le 25 février 2024. Hélas, ces investissements n’ont pas été utiles à la date voulue. Le report a tout douché. Portrait d’un DJ passionné face à la désillusion causée par le report de la présidentielle.

Un seul évènement peut changer le cours des choses. Et le discours du président Macky Sall du 3 février dernier, abrogeant le décret convoquant le collège électoral en est un. Cette « adresse à la nation » d’à peine dix minutes a été un véritable coup de froid pour certains sénégalais. Car en abrogeant ce décret, le président a aussi abrogé plusieurs rendez-vous, notamment celui entre les politiques et leurs fidèles compagnons, les animateurs d’équipements de sono. Pour ces détenteurs et animateurs  de ces machines à bruits, ce report sur lequel ils avaient misé gros, est synonyme de désillusion. Une élection constitue, en effet, une opportunité d’activités pour se faire de l’argent. Un véritable business qui se développe autour de la location de chaine en musique et tout autre matériel de sonorisation pour sillonner les quartiers et villages durant la campagne. 

Jack Francis, un DJ à Ziguinchor planifie cet évènement depuis plusieurs mois. En ce huit février dans le studio de la radio Kassumay FM où il anime des émissions ludiques et gère la techniques depuis plusieurs années, il raconte son désespoir suite à ce report de la présidentielle. Ce jeune parent célibataire avait misé gros sur l’élection présidentielle pendant laquelle lui et ses camarades sont très sollicités. 

« Renforcer mon matériel »

« J’ai renforcé mon matériel pour préparer l’élection présidentielle », dit-il. Assis devant des amplificateurs et tables de mixages, Jack s’échine à se convaincre que cette étape, bien que non prévue et douloureuse, cache des lendemains meilleurs. « Il y aura une présidentielle de toute façon », lâche-t-il, le ton presque morne. 

Le désespoir de Jack peut se mesurer à l’amour qu’il nourrit pour ce métier mais également aux attentes liées aux retombées. Pour comprendre, il faut faire remonter la machine du temps. Tout a commencé dans son Dialang natal, un village situé  dans la commune de Nyassia. Sans la bénédiction de ses parents au début, il a su faire éclore clore cette passion et ces talents d’animateurs qui dormaient en lui. De Dialang à Ziguinchor, il a acquis, au gré des évènements familiaux et meetings politiques, une expérience avérée dans l’animation musicale. En 2000, il rejoint des boites d’animation dans la commune de Ziguinchor avec pour objectif de se professionnaliser.  « Au début, c’était très difficile…Mais aujourd’hui, tout ce que j’ai, c’est grâce à la musique », consent-il. Quand il atterrit à Kassumay FM, une radio locale, il acquiert du matériel de sonorisation et le confie à des jeunes. 

Ayant déjà goûté aux avantages liés à une élection, Jack sait ce que cela représente pour un animateur de sono. Il décide ainsi, dans le cadre de l’élection présidentielle dont la date initiale était le 25 février 2024, de « renforcer » son matériel en réceptionnant de nouveaux équipements composés notamment d’amplificateurs, de baffles. Le but : absorber plus ou plusieurs marchés durant la campagne électorale. «L’année dernière, dans le cadre des élections locales, j’avais un marché d’animation dans la commune de Nyassia. À la fin de l’activité, j’ai pris cet argent pour renforcer mon matériel… En décembre (encore), j’ai décidé de renforcer mon sono, pour les programmes au niveau local et l’élection présidentielle. J’ai fait ma commande à Dakar, payé les frais de transport et le matériel est arrivé depuis une semaine », déclare-t-il.

Du fait de leur forte sollicitation durant la campagne électorale, les « DJ » peuvent  afficher un chiffre d’affaires énorme. « Si le matériel est complet, c’est-à-dire avec un moteur mécanique, vous pouvez le louer à 45 mille francs par jour », affirme-t-il. Pour une campagne qui dure 20 jours, il y a lieu de s’attrister. Jack pensait, en effet, recouvrir au moins les frais d’achat et de transport durant cette campagne. Mais à la place, ce sont des espoirs qui  sont douchés en attendant une nouvelle date pour l’élection.  

Publié

Je suis diplômé en journalisme et communication au CESTI. Passionné d'environnement, de sport notamment le football et de tout ce qui a trait avec la géopolitique, je travaille, depuis novembre 2022, au journal Le Quotidien.

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