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Mouhamed Sarr « Yalla Pitié », l'invocateur décisif

Les réseaux sociaux, il s’y est fait un nom. Ou plutôt un pseudo. Mouhamed Sarr, plus connu sous l’appellation Nabyleu sur Twitter, est un jeune Dakarois de 28 ans. Influenceur à ses heures perdues, Nabyleu trouve que cet espace virtuel lui permet de s’informer sur l’actualité de son pays et du monde. Et surtout, il en fait un passe-temps et veille à inspirer les plus jeunes par ses contenus. Inspiré, il l’a été, à l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations.

Le Sénégal, jusque-là, au palmarès vierge, voit ce diplômé en transport logistique inventer une des motivations les plus marquantes  de ce tournoi. Une photo prise de dos, d’un homme assis, vêtu d’un maillot floqué « Yalla Pitié », (Dieu Pitié en français), avec le numéro 99 et le tour est fait. 

« Je me suis rendu compte qu’il fallait, pour cette année faire appel à la chance et à la miséricorde du Tout-Puissant », affirme-t-il. D’où, selon lui, le nombre 99 qui fait allusion aux noms de Dieu.

Nabyleu en tête d’affiche…

  Sa renommée s’agrandit au fur et à mesure que les Lions de la Teranga avancent dans la compétition. Le hashtag #YallaPitié prend forme. L’hymne « YallaPitié » est né. Le succès embrasse ce slogan. Ce qui ne surprend pas son ami Abdoulaye Diallo, joint par téléphone.

 « On se connait depuis trois ans et il est toujours très spontané. A chaque fois, c’est lui qui a la touche créative dans tout ce que nous faisons ».

La création s’est répandue et la prière est entendue. Car au soir du 6 février, le Sénégal est champion d’Afrique pour la première fois de son histoire au Cameroun. Il y était. « Grâce à la propagande initiée par les Sénégalais sur Twitter et l’ampleur qu’a pris le slogan, j’ai pu bénéficier d’un billet pour la finale », informe-t-il.

  Nabyleu est désormais érigé au rang de « héros national » par le monde virtuel sénégalais. Une nouvelle propagande est même lancée afin qu’il obtienne le billet pour le mondial au Qatar, après la qualification du Sénégal. Yalla Pitié, comme le surnomment ces voisins, vit bien ce succès. « Il n’y a pas un jour qui passe, où on ne m’interpelle pas par rapport à ça, mais je remercie le bon Dieu ».

Décrit comme humble, modeste et simple par ses proches, celui qui est suivi par plus de 180.000 personnes sur Twitter depuis 2016, garde toujours les pieds sur terre. Son frère cadet, Tidiane, avoue que sa célébrité ne le perturbe nullement et qu’il reste toujours le même.

Sa timidité et sa modestie demeurent par contre un défaut avec son nouveau statut, selon Abdoulaye. « Je trouve qu’il n’a pas encore bien exploité son image (rires). Il veut rester effacé coûte que coûte ». Même si Nabyleu est actif dans le virtuel, Mouhamed Sarr n’en reste pas moins dans le réel.

…Mouhamed Sarr, le timide

  Il est le chef de l’entreprise « Ibrami Business », spécialisée dans la vente de chaussures et de tenues africaines. Après l’obtention de son baccalauréat en 2014, au lycée Madieye Sall, Mouhamed Sarr s’inscrit en Transport logistique. Il décroche une Licence en 2017 dans une école privée de la place. Ouvert d’esprit et décidé à s’attaquer au chômage, il souhaite que son entreprise s’élargisse afin qu’il puisse embaucher des jeunes.

Habitant de Grand-Yoff, Mouhamed est très impliqué dans le social. Il est membre de plusieurs associations communautaires dans sa zone. Selon Abdoulaye, il est très respecté là où il réside, même par les plus improbables, grâce à sa générosité et sa sociabilité.

 Il y a quelqu’un dans son quartier qui n’est pas tout le temps lucide, car souvent sous l’emprise de l’alcool. Mais à chaque fois qu’il est dans un état second et qu’il commence à déraper, seul Mouhamed Sarr peut le raisonner », raconte-t-il.

  Aventurier dans l’âme, Nabyleu aime se réfugier dans les documentaires. Féru de football aussi, ce célibataire s’est marié avec la Casa Blanca du Real Madrid. Mouhamed est plutôt casanier. Son frère Tidiane, avec qui il forme l’entreprise, informe :

 Il est toujours dans sa chambre pour écouter le Coran, de préférence Matroud et n’oublie jamais son téléphone ».

Comme tout bon Sénégalais, le thé est sa tasse préférée et raffole du « mafé » (riz avec une sauce à base de pâte d’arachide). Mouhamed avoue être très proche de ses parents et prie tous les jours pour que Dieu les couvre de bonheur et de bienfaits.

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