--

Serigne Mboup, le parcours improbable d'un «Ndongo Daara»

Il est là où on ne l’attendait pas forcément. D’apprenant du coran à candidat à l’élection présidentielle, certaines trajectoires sont parfois atypiques. Le parcours de Serigne Mboup, candidat à l’élection présidentielle de 2024 a été long, difficile et surtout improbable. En partant de rien, il vise le sommet, les plus hautes fonctions. Pour 2024, il rêve de la magistrature suprême.

La vie réserve parfois d’étranges surprises. Sur la route de la réalisation de Serigne Mboup, c’est avec la force de l’amour de sa famille, de la confiance en soi, de la foi en Dieu et des prises de risques que de bienveillantes mains lui ont été tendues.

Parti pour devenir maître coranique, son destin était entre des mains qui lui réservaient d’autres choses. Des mains divines sans doute. Pour Serigne Mbacké Madina Mboup, tout commence dans son Saloum natal.

 Son père, Bara Mboup, commerçant de renommée, choisit la voie de l’enseignement religieux pour son fils. D’abord dans une école coranique à Ndorong, à Kaolack puis, à Koki en 1976. Serigne a alors 10 ans.

Dans ce temple du savoir, le jeune apprenant fait vite ses preuves et mémorise le coran en seulement trois ans. Pour célébrer cet exploit, son papa lui déroule le tapis rouge dans une cérémonie où même des Egyptiens étaient conviés.

Amoureux de l’enseignement de la religion, Serigne Mboup retourne à Koki pour terminer sa formation en sciences islamiques. Il y décroche son certificat, son brevet et envisage un voyage en Arabie Saoudite pour passer le Bac.

Il se heurte alors à un refus de son père qui avait d’autres projets pour le jeune prodige du Coran. Il le rejoint à Dakar en 1989, il est alors âgé de 23 ans. 

Un poids lourd du secteur privé

Dans la capitale, il seconde son père au marché Sandaga en tant que commerçant dans le domaine de l’alimentation, de l’habillement et du cosmétique. A la mort de celui-ci en 1992, il lui succède et assure la tête de l’entreprise familiale.

Avec lui, l’entreprise se diversifie et s’ouvre à l’automobile, l’immobilier, la logistique, l’alimentaire, les finances, etc. Et tout lui réussit. Son entreprise CCBM (Groupe Comptoir Commercial Bara Mboup) devient alors l’un des géants du secteur privé sénégalais.

Sans doute conscient de l’alignement de ses étoiles, l’homme d’affaire élargit ses horizons et s’engage dans un domaine, jusque-là réservé à une certaine élite, issue principalement de l’école française : la politique. 

Ayant rencontré dans sa vie de hautes personnalités politiques et de grands hommes d’affaires, il n'a pas peur de se challenger et surtout n’a pas de complexe devant les sortants des grandes écoles et universités.

Pour lui, « le travail de chef d’entreprise est plus difficile que celui du président de la République » et il mise donc sur son expérience dans le secteur privé pour s’imposer.

Sa non-scolarisation n’est pas son handicap 

Élu en 2010 Président de la chambre de commerce de Kaolack, il est par la suite nommé président de l’Union nationale des chambres de commerce d’industrie et d’agriculture du Sénégal (UNCCIAS). 

Sur la question de sa non scolarisation, il estime que ses adversaires et détracteurs n’ont pas d’arguments à lui opposer, si ce n’est son niveau d’étude. Pour sa défense, le patron du groupe CCBM dans un entretien avec le journal L’Observateur estime que « ceux qui ont réussi dans ce pays n’ont pas de diplômes français ».

Mais c’est ne pas connaitre la ténacité de l’homme d’affaire que de croire que son niveau d’éducation est un handicap. Pour son baptême de feu il va défier pour la mairie de Kaolack Mariama Sarr, alors ministre de la Fonction publique et membre du parti au pouvoir. Pari réussi, il est élu en 2022 maire de Kaolack.

Modou Cissé, habitant de Kaolack, estime que Serigne Mboup s’est attelé, dès le début de son magistère, à régler le problème de l’éclairage, de la fermeture des canaux et à la rapidité dans l’obtention de papiers administratifs. Seulement, il note que l’un des principaux échecs du maire de Kaolack est l’emploi des jeunes. 

« Il a fait de cette question un thème de campagne et beaucoup de personnes notamment les jeunes ont voté pour lui », rappelle Modou Cissé. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, il lui conseille de « faire à l’avenir des promesses qu’il est en mesure de respecter ». Toutefois, il considère que Serigne Mboup est un Sénégalais digne, travailleur.

Pour l’élection présidentielle de 2024, Serigne Mboup ne compte pas rester en rade. Il croit, veut et s’engage pour la succession de Macky Sall. Avec son mouvement politique And Nawle / And ligeey (un compagnonnage de valeur et de travail), il passe l’étape tant redouté des parrainages.

 

Son programme pour la présidentielle s’articule autour des valeurs, de la bonne gouvernance, la solidarité, l’éducation et surtout l’accélération de la croissance économique avec un Pib/habitant de 10% par an sur cinq ans.

Le maire de Kaolack croit à l’égalité des chances et la devise de sa formation politique est : Le savoir, le travail, la démocratie. Dans sa vision incarnée par la coalition And Nawle And Ligueey, il promet aux Sénégalais un pays de justice, de paix et d’équité sociale.

Publié

Je suis journaliste sénégalais diplômé du Cesti, spécialisé en presse écrite et numérique. Passionné d’écriture, je traite des sujets dans des domaines différents. J’ai remporté le Grand prix de la première édition de l’école d’été sur l’écriture et le journalisme (EEEJ) organisée par Jeune Afrique, la Fondation Vallet et l’ONG Bénin Excellence à Cotonou, en août 2023. J’ai effectué un stage au quotidien « Le Soleil » et j’ai fait de la pige pour TV5 Monde. Titulaire d’un Master en Sciences politiques, spécialisé en Relations Internationales obtenu à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, je suis aussi l’auteur d’un recueil de poèmes intitulé Fond de mental publié en 2018 et d’un Essai du nom de La Guerre des mondes, quand les identités nous séparent, publié aux éditions Les Impliqués en 2022.

--