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JOUR DE SCRUTIN EN PLEIN RAMADAN Il faut se lever tôt…

La date du 24 mars, tant attendue, est enfin arrivée. Fini la campagne électorale et l’ambiance. Les citoyens sénégalais sont appelés aux urnes pour élire un nouveau président. Dans le plus grand centre de vote de la commune de Yène, Niangal, femmes, jeunes et vieux sont venus tôt le matin pour voter. Mais dans un contexte particulier, le ramadan.

L’école élémentaire de Niangal partage un mur de plus de 40 mètres avec le lycée de Yène. Ce dimanche, 24 Mars, ce ne sont pas des élèves aux blouses bleues et roses qui longent la route y menant. En effet, ni les voitures clandos, ni les mototaxis ne circulent en ce jour de scrutin. Il n’a que la ligne 228 de Dakar-Dem-Dick et la 86 (Aftu) qui circulent. C’est plutôt des jeunes, des vieux et des femmes, tous sur leur trente-et-un qui remontent tranquillement la pente pour accomplir leur devoir citoyen.

Entre la station Titan Oil et l’entrée, des groupes de personnes sont éparpillés un peu partout. A chacun sa préoccupation ! D’ailleurs, l’ancien maire de la commune de Yène, Gorgui Ciss, actuel Pca de safru.sa, en boubou traditionnel flambant neuf, est campé juste à coté de l’entrée discutant avec un peu moins d’une dizaine d’individus. Dans un brouhaha, les électeurs se retrouvent entre amis ou parents, échangeant des civilités dans des fils qui vont dans tous les sens.

 Si l’ambiance est bonne, il est facile de noter des électeurs, notamment les femmes, déjà assis par terres attendant leur tour, alors qu’il est 9h. « Le ramadan ne rime pas avec le vote. C’est une première pour moi mais c’est difficile », regrette Coumba, une quadragénaire de teint noir. Elle est assise sur une dune de sable se trouvant au milieu de la cours de l’école, machant son cure-dent, le coude sur genou et la main sur la tête.

Cependant pour les plus jeunes, le jeun n’est pas une difficulté pour rester débout et attendre son tour. Matar Faye, frôlant les 25 ans vient juste de sortir du bureau de vote. Pour lui, le ramadan ne peut être un alibi pour aller voter. « Dans n’importe quelle situation, le bon citoyen doit aller voter. C’est ce que je pense », prêche-t-il. Ce jeune homme du quartier de Mbaraglu a l’air joyeux en évoquant sa veillée nocturne avec ses amis. Tout sourire, il déclare : « j’ai veillé la nuit mais je suis là depuis 7h ».

Beaucoup de ses voisins, jeunes sont venu à pareille heure. C’est le cas de Cheikh, primo-votant au visage juvénile, smartphone à la main qui lance des pics a quelques-uns de ses ainés, à la sortie de son bureau de vote. « Il faut venir tôt. Vous aimez trop le sommeil », plaisante-t-il. En effet, le jeune cheikh dit rester « éveillé depuis le  ‘Kheud’ ». Satisfait de son « tout premier vote », il ne manque pas de souhaiter la victoire de son candidat « au premier tour ».

Toutefois, arriver tôt ne signifie pas voter en premier ! Les personnes âgées n’hésitent pas aller direct aux portes de leurs bureaux de vote respectifs pour demander un laisser-passer, après que ceux-ci leur soient indiqués par les plus jeunes. Celle que l’on nomme Maman Khady, un sexagénaire, l’air boitillant s’exclame en voyant la queue qui mène à son bureau. Le numéro 2. Mais la grand-mère n’a pas perdu de temps. « Laissez-moi passer ! Je suis vieille », lance-t-elle d’une voix drôle et vieillissante. Ces quelques mots ont fait éclaté de rires ceux qui sont autour d’elle. Mais les plus jeunes l’ont comprise et laissée accomplir son droit.

Malgré une consigne, dès l’entrée, des agents de la gendarmerie qui montent la garde sur l’interdiction de s’introduire dans les bureaux de vote, nous avons pu interroger le président du bureau n°1. Il répond au nom de M. Cissé et est instituteur dans l’établissement. Selon lui, concernant la question de la classe majoritaire, « la tendance est équilibrée ». Ainsi, le quadragénaire au teint noir foncé, en chemise, jeans, la tête bien entretenue, a pu s’exprimé sur le bon déroulement du scrutin. « Jusqu’à présent tout se passe bien. Même le vote se passe mieux que je m’y attendais », affirme-t-il. « J’espère que tout bien se dérouler jusque… », ajoute-t-il avant qu’un agent de la gendarmerie ne coupe notre discussion.

Pour rappel, l’établissement de Niangal, le plus grand centre de vote de la commune de Yène, compte 3991 électeurs répartis en 7 bureaux de votes. Mais avec l’affluence de la matinée, on peut noter que la population de ce village lébou est massivement en train de participer à ce scrutin aux divers rebondissements.

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