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Moussa Diallo, retour à la terre d’un passionné des lettres

Après l’obtention de sa licence en lettres modernes à l’université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB), Moussa Saldé, comme on le nomme affectueusement, retourne au bercail pour s’investir dans l’agriculture. Mais cela n’entache en rien son vieux rêve qui est de devenir enseignant.

C’est un après-midi brûlant, comme souvent au mois d’Avril, à Saldé. Le ciel est d’un bleu azur. La chaleur est suffocante. Quarante-deux degrés à l’ombre. C’est dans ces conditions que Moussa travaille. Après une marche d’environ deux kilomètres, l’on aperçoit un homme de constitution moyenne. Habillé en chemise verte aux manches longues et un jean kaki déchiré qui laisse apparaître ses genoux noircis par la forte chaleur qui sévit le milieu, Moussa n’est nullement découragé par la canicule. 

Trouvé dans son champ de maïs en pleine séance de travail avec une sudation extrême, il lance avec un ton taquin « Tu vois, il y a une grande différence entre le climat de Dakar et celui de Saldé». « L’enfer, c’est à quelques kilomètres d’ici » ajoute-t-il en éclatant de rire. « L’homme aux douze métiers »

Après l’obtention de son baccalauréat en 2016, le natif de Saldé est orienté à l’université Gaston Berger de Saint-Louis où il décroche sa licence en lettres modernes. Malheureusement, il ne sera pas sélectionné pour continuer son master en linguistique. Visage renfrogné, il souligne : « J’avais vraiment envie d’être sélectionné en master linguistique pour continuer mes études mais ma candidature fut refusée. Cependant, j’ai décidé de changer mon fusil d’épaule en déposant pour un master science politique à l’UGB ».

L’homme a toujours été intéressé par la littérature. « Au baccalauréat j’ai obtenu une moyenne de 18 en français », confie-t-il avec un air désespéré. Moussa est un homme aux nombreux sobriquets. Ce, du fait des multiples métiers qu’il embarrasse. D’ailleurs ses amis l’appellent « l’homme aux douze métiers ».

Un homme, 12 métiers 

Moussa est un vrai touche-à- tout. En plus de cela, il est dans de petits business comme la vente de crédit dénommé « séddo ». C’est ce qui lui vaut le nom de Moussa séddo. Malgré tout, il affirme que sa vraie passion est l’enseignement, qu’il nourrit dès le bas-âge. Sa famille le qualifie comme un homme humble, travailleur et digne.

« Moussa est un homme d’une simplicité extraordinaire ce qui dénote sa facilité à aborder les gens », souligne Harouna Diallo, son petit frère. Un legs familial Malgré son caractère ferme et une nervosité qu’il laisse transparaitre de temps à autre, souffle-ton dans son entourage, l’homme traine derrière lui un préjugé favorable. « Moussa est quelqu’un de très ouvert et disponible envers les autres. Il est très gentil », témoigne Abou son petit frère qui l’accompagne dans les travaux.

Né le premier juin 1995 à Saldé, village situé dans la commune de Boké Dialloubé, département de Podor, Moussa s’est très tôt imprégné du métier d’agriculteur. Dès son cursus élémentaire, il a commencé à fréquenter les champs de ses parents alors qu’il n’avait que 8 ans. Ce qui a fait naitre en lui cet amour.

« L’agriculture est plus qu’une passion, car tous mes parents sont des cultivateurs et je suis né et j’ai grandi dans ce milieu. D’ailleurs, toutes mes vacances je les passe dans les champs. J’éprouve du réel plaisir dans ça », confie-t-il en souriant. Moussa a toujours su allié étude et travaux champêtres.

« Pendant ma troisième année à l’université, on avait mis en place un projet de maraîchage. A la récolte on a obtenu plus d’une tonne d’oignon. Cette année, nous avons décidé de diversifier les spéculations en y adjoignant du maïs et des haricots verts », explique-t-il. Des défauts, il n’en manque pas chez ce passionné de la musique rétro pulaar. « Je n’aime pas échouer, alors qu’il est dit souvent que c’est par les échecs que l’homme apprend et s’élève ».

D’un coup, son frère Abou l’interrompt et ajoute avec un ton amical « c’est aussi un véritable mange-tout. Il tire sur tout ce qui bouge. C’est un gourmand ». En attendant la réalisation de son rêve qui est d’intégrer la fonction enseignante, Moussa dispense des cours de renforcement à des élèves de l’élémentaire et du secondaire.

Il a d’ailleurs participé au concours du Crem (concours de recrutement des élèves-maitres) de cette année. « J’attends toujours les résultats. Je reste optimiste », lance-t-il. Il continue aussi de prendre soins de ses champs qui, pour lui, sont un patrimoine hérité de ses aïeux.

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