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Macky Sall et les médias internationaux : De l'idylle au désamour

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Le président de la République, Macky Sall, n’a pas apprécié le traitement que la presse étrangère lui a réservé suite à sa décision de stopper le processus électoral en renvoyant sine die le scrutin présidentiel.

Les médias internationaux notamment le groupe France-Médias-Monde n’ont plus bonne presse auprès du Président Macky Sall et de son régime. Lors d’une interview accordée à trois groupes de médias nationaux, le président sortant a fustigé la manière dont le groupe français traite l’actualité politique sénégalaise. « Je dénonce de façon vigoureuse cette campagne médiatique internationale contre moi. Je la dénonce de façon rigoureuse », a-t-il déclaré, puis se justifie : « je suis un homme libre, un africain, et un démocrate. Je n’ai violé aucune règle pour aujourd’hui me retrouver dans cette campagne nauséabonde qui est entretenue. Toute cette campagne de presse est aux antipodes de ma pratique de démocrate depuis que je suis à la tête du pays ».

Théa Ollivier, correspondante du journal Le Monde et RFI dit comprendre la réaction du Président : « ce qui a dérangé Macky Sall est le fait qu’on a beaucoup écrit sur l’actualité politique du Sénégal. Il y a beaucoup d’articles qui ont été faits, des renforts qui ont été également envoyés. Je comprends que ça puisse être désagréable de voir son pays être dans une crise ».

Les propos du Président Sall ont été tenus dans un contexte précis : le report de la présidentielle. L’annonce de cette décision inattendue a été faite le 03 février 2024 lors d’un discours à la nation diffusé sur la chaine publique. A partir de ce moment, tout semble changer dans sa relation avec la presse étrangère. Pour autant, durant son magistère, Macky Sall a cultivé de bons rapports avec les médias occidentaux avec comme objectif de construire une réputation de démocrate, de bâtisseur, de panafricain, etc. Subitement, le même Président déplore les critiques de la presse étrangère. 

Qu’est-ce qui a changé ? Birame Faye, journaliste explique : « pour le Président Sall, c’est l’espoir d’une carrière internationale qui devient compromis. A vrai dire, il est le seul grand perdant dans cette crise qu'il a lui-même créée et qu’il continue d’entretenir. Même la presse nationale est devenue plus critique à l’égard du Président Sall ». Le travailleur de l’institut Panos renchérit : « 2011, le Président Wade avait accusé les puissances étrangères et les médias d’avoir comploté contre son régime.  C’est à dire qu’à chaque fois que ça tourne mal, ces médias étrangers sont accusés. C’est valable dans tous les pays africains.  Ils font l’objet d’expulsion ».

La journaliste Théa Ollivier de Rfi estime que : « on nous fait porter les communiqués assez durs des chancelleries, surtout celles américaines étaient très durs avec le Président à la suite du report. Rfi est certes une radio du service public français, mais, il y a aucun lien entre notre travail et la position de l’Etat français sur la question ». Elle pense que le Président Sall et ses alliés doivent faire la part des choses : « lls ne doivent pas mettre tout le monde dans le panier. Je suis d’accord que certaines chaines françaises invitent des personnes qui ne connaissent rien du Sénégal. Elles le font à tous les pays. Le Sénégal n’est pas une cible. Ils sont mauvais en tout. Ce sont des médias qui sont connus en France pour leur manque d’éthique et d’équilibre ».

Elle ajoute : « quand il a renoncé à la troisième candidature, toute la presse internationale a fait ses éloges. Il n’avait rien dit. Mais les faits ont changé. Ce grand démocrate qui disait ne pas vouloir briguer un troisième mandat, attend jusqu’à la veille de la campagne électorale pour reporter l’élection, c’est une première dans cette démocratie qui se veut être une exception ». Les critiques à l'encontre des médias ne viennent pas seulement du président de la République.

La sortie du ministre de la Communication 

Le 08 juillet 2023, le ministre de le Communication, des Télécommunications et de l’Economie Numérique, Moussa Bocar Thiam a sorti un communiqué pour dire que la chaine française a fait de l’actualité politique sénégalaise un « traitement sans éthique, sans équilibre, tendancieux et subversif ». Pour la journaliste de Rfi, il y a lieu de se poser la question de savoir, « qui est-ce que le ministre vise exactement ? », s'interroge-t-elle, avant de répondre à sa question : « nous faisons correctement notre travail. A Rfi et au journal le Monde, nous donnons la parole à tout le monde. Au lendemain du report, on était en édition spéciale, et on avait des gens du pouvoir au même titre que ceux de l’opposition pour avoir l’équilibre de l’information ».

Elimane Ndao, un des correspondants de France24 au Sénégal explique que le choix de leurs sujets n’obéit qu’aux principes journalistiques universels : l’intérêt général. « Que ce soit du côté de pouvoir ou de l’opposition, nous sommes dans l’équilibre de l’information. Notre travail de journaliste est vraiment guidé par l’intérêt général », explique-t-il. Aujourd’hui, certains se posent la question de savoir qu’est-ce qui a changé pour que le Président Sall s’attaque à la presse internationale. Pour Moustapha Barry, journaliste et Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, c’est parce que ces médias s’adressent à la communauté internationale.

En chiffres, entre 2013 et 2023, Macky Sall s’est entretenu au moins 6 fois avec les deux médias français, Rfi et France 24, dont au moins une fois par an, entre 2021 et 2023. En février dernier, il a accordé une interview au média américain, Associated Press. En mars 2023, il s’est entretenu avec plusieurs médias français dont L’Express, LCI, TF1, Jeune Afrique, Le Monde Afrique. Lors du sommet Afrique-Usa de 2014, par exemple, il a donné pas moins de 12 interviews à des médias étrangers, dont le Wall Street Journal qui est la bible des finances et le plus grand tirage aux Etats-Unis, à la télévision Aljazeera, à CNN, entre autres.  

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Publié

Je suis diplômée du CESTI, lauréate du Prix Étudiant de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal. Je suis journaliste parce que je veux comprendre vite et faire comprendre vite.

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