Amy Thiam, directrice de la radio Jafala FM : Une voix majeure des ondes
À seulement 30 ans, Amy Thiam s'affirme comme une voix majeure dans le monde des médias. De stature moyenne et de teint clair, elle incarne le journalisme avec une passion profonde et déterminée. En plus de diriger avec succès une radio en plein essor, elle se distingue également comme un modèle de leadership féminin.
À Kaolack, la voix d'Amy Thiam résonne chaque jour à partir de midi sur les ondes de Jafala FM, captivant un public fidèle qui ne manque jamais ce rendez-vous radiophonique. Présentatrice dynamique de la grande édition, Amy incarne le journalisme tel qu'elle l'a toujours rêvé. Dès son plus jeune âge, elle nourrissait cette passion, se remémorant toujours même sa première demande à travailler dans une radio. « Quand la radio Alfayda FM venait de commencer à émettre, j’ai écrit ma demande pour aller la déposer, alors que j’étais encore au cycle secondaire. A la porte, le gardien ne m’a pas laissée entrer et je lui ai remis l’enveloppe », se souvient-elle.
Seule dans sa famille à évoluer dans le paysage médiatique, sa détermination l'a conduite à Al Madina FM, où elle a saisi une opportunité de concours d'animateurs. « Au début, je ne savais même pas faire la différence entre un journaliste et un animateur », confie-t-elle. Mais c’est seulement après avoir été reçue par le directeur de la radio, qui connaissait l'un de ses frères, qu’elle a eu les idées claires.
En effet, elle a bénéficié de conseils précieux de la part de dernier : plutôt que de se lancer directement comme animatrice, il lui a recommandé d'attendre d'avoir son baccalauréat et de suivre une formation en journalisme. « J'avais d’abord décidé de suivre ses conseils, mais après un certain temps, je suis retournée vers lui pour lui expliquer que ma situation ne me permettrait pas de financer une formation après l'obtention de mon bac. »
Grâce à la bienveillance du directeur, qui a demandé à la rédactrice en chef de la prendre sous son aile, elle a pu bénéficier d'une formation pratique sur le terrain. Ainsi, son premier reportage, diffusé à la radio, a marqué le début de son aventure médiatique. « Lorsque j'ai enregistré ma voix pour la première fois, elle a été acceptée, ce qui était rare, car la plupart des débutants ne font pas de reportage à cause de problèmes avec leur voix », se rappelle-t-elle avec fierté.
Cette même fierté se reflétait également chez son défunt père, qui a acheté une radio pour ne rien manquer de ses reportages. « Mon père était extrêmement heureux ce jour-là, car, étant donné que les médias ne sont pas le domaine habituel des Saloum-Saloum, il était inédit pour lui d’entendre sa fille à la radio », se remémore-t-elle d’un ton teinté d’émotion.
Difficultés financières
Cependant, son expérience à Al Madina FM a fait long feu. La radio a été confrontée à des difficultés financières, contraignant certains journalistes et animateurs à quitter l'antenne. Malgré cela, cette passionnée des ondes a continué à avancer, au point de se retrouver seule dans la rédaction pour présenter le journal. « Finalement, nous n'étions plus que deux dans la rédaction : l'autre personne couvrait le terrain, tandis que je me débrouillais pour préparer le journal », fait-elle savoir laissant découvrir son engagement et sa détermination.
Par la suite, un ancien collègue, désormais à Jafala FM, l’a recommandée, pour ses talents et son engagement, à ses supérieurs. Ceux-ci ont rapidement pris contact avec elle. Son parcours à Jafala FM est une ascension fulgurante. D'abord simple reporter, elle est rapidement devenue rédactrice en chef, puis directrice de la radio.
Son rôle englobait la gestion du service commercial et la rédaction en chef, une double responsabilité qui s'est révélée complexe mais enrichissante. « Bien que la radio Jafala FM ait son siège principal à Kaolack, elle possède des antennes à Dakar, Thiès, Touba, Kaffrine et Matam, que je coordonne toutes », informe-t-elle, prouvant que sa passion pour le journalisme peut transcender les obstacles. En parallèle, elle se distingue comme l'une des figures du leadership féminin dans la région.
Le plaisir d’être journaliste
Sous sa direction, Jafala FM a su s'imposer comme un acteur incontournable de la communauté de Kaolack. Avec plusieurs distinctions à son actif, elle a notamment reçu le prix Ok Awards, récompensant la meilleure de la région, ainsi que le prix L’Original des Kaolackois, qui a couronné son émission "Brise matinale" comme la meilleure. Malgré leur jeunesse, Amy et son équipe ont réussi à créer une radio dynamique.
Ses collaborateurs la décrivent comme une personne très humble et modeste. En effet, elle ne cherche jamais à se mettre en avant en tant que directrice. Selon eux, elle oublie même qu’elle a un bureau, passant tout son temps dans la salle de rédaction ou au studio avec son équipe. « Mon poste de directrice ne me fascine pas particulièrement, ce qui me comble vraiment, c'est d'être journaliste. Ce qui me rend le plus heureuse, c'est la vie de famille que j'ai au sein de la rédaction. Je m'en rends compte surtout lorsque je passe une journée chez moi sans me rendre au bureau », affirme celle qui se sent le plus à l'aise avec les sujets de société, ceux qui lui tiennent ‘’vraiment à cœur’’.
Amy Thiam n’est pas qu’une professionnelle accomplie, elle est également une épouse dévouée. En réalité, sa vie conjugale et son travail de journaliste, ainsi que toutes les responsabilités qui en découlent, font bon ménage. « J’ai rencontré mon mari avant même de commencer ce métier », avoue-t-elle avec un large sourire. Elle ajoute que son mari est une source importante de force pour elle dans sa carrière de journaliste. Il est son premier auditeur et profite de chaque occasion pour l’encourager à avancer.
« Il m'arrive parfois de ne pas avoir envie d'aller travailler, mais c'est lui qui me motive en me déposant avec sa voiture », révèle-t-elle avant de poursuivre avec un sentiment de reconnaissance : « Le ménage et la vie professionnelle coexistent harmonieusement quand on a quelqu'un qui nous comprend et nous soutient. Heureusement, mon mari et sa famille me soutiennent énormément. Je leur confie même mon enfant quand je suis au travail. »
Amy Thiam est également décrite comme une personne très sensible au manque de respect, que ce soit envers elle ou envers ses proches. « Elle est très stricte sur le respect, ce qui conduit certains à la qualifier de difficile. Cependant, elle est une personne généreuse qui se sacrifie énormément pour sa famille », témoigne avec fierté son jeune frère, Habib Thiam.
Reconnaissant les défis que rencontrent les femmes dans les médias, Amy encourage les aspirantes journalistes à allier passion, rigueur et esprit d'équipe. Elle aspire à un avenir plus clair pour le secteur journalistique, plaidant pour une meilleure distinction entre les véritables journalistes et ceux qui nuisent à la profession.
Amy Thiam rêve de posséder son propre média dans les années à venir. Avec une vision claire et une détermination sans faille, elle continue de faire entendre sa voix et d'inspirer les générations futures à Kaolack et au-delà.