Ngoné Dia, une jeune femme mutifacette
Ngoné Dia, 23 ans, mène une vie multiple. Cette jeune dame est non seulement étudiante, mais aussi entrepreneuse, formatrice et activiste. Allons à sa rencontre.
Au pavillon Q de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, c’est une femme souriante qui nous accueille dans la chambre 15. Teint noir, le mètre 70, Ngoné gère un business en plein essor. Elle vient de lancer son tout dernier « bijou » : le gâteau à base de solom. Atypique certes, mais c’est la marque de fabrique de Sonagoo transformation, sa start-up sur la transformation des fruits et légumes. Elle utilise les produits locaux comme justement le solom, ou oûl, le siddeem, le maad, entre autres, pour en faire des gâteaux et du jus.
L’entrepreneuse
« Je viens d’un milieu paysan, et ça me fendait le cœur de voir les récoltes de mes parents pourrir chaque année entre leurs mains sans pouvoir rien y faire. C’est de là que m’est venue l’idée de me lancer dans la transformation des fruits et légumes », nous confie Ngoné. En effet Ngoné vient de Richard Toll. Elle y est née un 25 février 2000.
Ses parents agriculteurs lui ont transmis très tôt le goût de tout ce qui tourne autour de l’agriculture. « Dès son plus jeune âge déjà, Ngoné tenait déjà son commerce de jus de buy et bisaap », dit Khoudia, sa grande sœur. C’était une passion pour elle. C’est pourquoi, dès son arrivée à Dakar, la richard-tolloise a commencé à mettre en place son projet. Ce qui la conduit à intégrer l’association « GIVE1PROJECT » de l’homme d’affaires sénégalais Thione Niang, un des idoles de Ngoné.
À partir de là, elle entame sa formation en transformation des fruits et légumes jusqu’à l’obtention de son diplôme puis lance sa propre structure Sonagoo Transformation. Ngoné est une battante et ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs. Au début de ses activités, elle essuyait des pertes énormes mais cela ne l’a jamais découragée.
Au contraire, ces pertes représentaient à chaque fois une motivation de plus pour encore miser davantage sur son projet. Ses pertes étaient souvent dues à l’exigence de qualité de ses produits. « Ngoné fait partie des rares entrepreneurs qui se soucient de la qualité, elle n’hésite pas à mettre la main à la poche pour que ses produits soient de meilleure qualité. Et souvent, ça lui fait perdre beaucoup d’argent » nous renseigne Ameth KA, un collaborateur de Ngoné.
Ngoné…multifacette !
Maintenant, Ngoné ne se limite plus à rester dans son coin et s’occuper de son activité. En bonne altruiste, elle parcourt le Sénégal pour faire des formations dans la transformation des fruits et légumes. Elle ne veut plus voir les récoltes de ses parents ni celles d’aucun paysan d’ailleurs pourrir entre leurs mains. Elle veut que tout le monde puisse arriver à transformer localement ses produits ; elle en fait un « sacerdoce ».
A coté de ses casquettes d’entrepreneuse et de formatrice, Ngoné est également étudiante. Elle en est à sa deuxième année au département de géographie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. À la question de savoir si son business ne lui cause pas de préjudices dans ses études, elle dit non. Pour elle, « il suffit juste de bien s’organiser et de consacrer le temps nécessaire pour chaque chose ». Toujours selon Khoudia, sa sœur avec qui elle loge dans le campus : « Ngoné n’a pas laissé ses études en rade. Elle arrive très bien à concilier études et business ».
« Nul n’est tenu de garder le silence devant l’iinjustice » tels sont les propos de Ngoné Dia pour parler de son activisme. Car oui, outre ses facettes d’étudiante, de formatrice et d’entrepreneuse, elle est aussi activiste. Elle n’hésite pas à faire entendre sa voix partout où elle en sent le besoin. Elle renchérit : « quand l’on se trouve devant une injustice, on a tous le droit, le devoir, l’obligation morale de dire non ». Elle a participé à plusieurs manifestations depuis son arrivée à Dakar en 2019.