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Librairie par terre, une mine de savoir à petits prix

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Nombre de Dakarois, comme les étudiants de l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad), obtiennent les livres de leur collection chez les bouquinistes situés aux alentours de cette institution. Ils trouvent leur compte chez ces tenanciers appelés librairies « par terre » où ils peuvent dénicher de très bons ouvrages à vil prix.

A quelques encablures de l’université de Dakar, en face de la paroisse universitaire Saint Dominique, se dresse cette librairie « par terre », un lieu bien connu des étudiants. Les rayons solaires n’ont pas encore percé le ciel voilé, en cette matinée de juin. Le décor est attrayant. Des stands de livres, d’aucuns sont posés sur des cages, et d’autres par terre ablativo tout en un tas. On y retrouve des bouquins d’occasion de toutes sortes, allant du manuel scolaire au recueil de poèmes, en passant par les bandes dessinées, des livres philosophiques et des romans.

Sur cette artère qui longe l’avenue Cheikh Anta Diop, les klaxons des véhicules se mêlent aux voix des passants, occasionnant, du coup, un vrai tintamarre. Le bouquiniste, un chapeau en paille sur la tête, certainement   pour se protéger du soleil, qui ne va pas tarder à poindre, est méfiant. Il range ses livres dans la précipitation. Comme la plupart de ses collègues de Dakar, il ne sait ni lire ni écrire, mais cela ne l’empêche pas d’être un vendeur hors pair qui sait trouver en quelques minutes le livre que recherche le client.

« Loo am ci ressources humaines » (ndlr : As-tu des livres en ressources humaines), lui demande Cheikh Souleymane Diop, professeur de gestion de management des organisations. Le soixantenaire, à peine sorti de son véhicule, se trouve devant une pile de livres qu’il feuillette à pas de loup. A l’en croire, la didactique la plus rare se trouve dans les librairies « par terre ».

« J’avoue que j’ai eu toute ma documentation dans ces endroits. C’est ici qu’on peut tomber sur des documents qui restent introuvables dans les librairies officielles. C’est mon secret », affirme-t-il, tout sourire, vêtu d’un costume qui lui sied bien. Souleymane Diop confie que c’est dans ces lieux qu’il est une fois tombé, par hasard, sur un livre sur lequel on a écrit « Faits et foutaises en management » ; un titre insignifiant de prime abord pour lui, mais d’un contenu exceptionnellement très riche qu’il a acheté à seulement 2500f.

Des ouvrages à vil prix

Cinq minutes après un échange avec le Pr Diop, un autre client débarque sur les lieux. C’est un jeune étudiant du nom d’Ibrahima. Comme Souleymane, lui aussi, vient chercher un ouvrage bien couru. « As-tu le livre La chèvre de ma mère ?», demande-t-il au bouquiniste. C’est une œuvre de Ricardo Kaniama qui renseigne sur le « secret de la prospérité financière », précise l’étudiant qui veut devenir entrepreneur. La recherche n’a pas été compliquée pour le vendeur, car dit-il, c’est un livre bien recherché par les jeunes entrepreneurs. Il le trouve aussitôt et Ibrahima, l’acheteur lui file un billet de 2000f après un court marchandage.

12 heures pile à l’horloge, le soleil de midi commence à s’imposer.  Un petit tour vers le quartier Point E, non loin de l’université de l’Ucad, pointe une autre librairie « par terre ». Dans ce lieu, c’est à peu près le même décor. Les bouquins sont étalés un peu partout pêle-mêle.

Matar Mbaye est le propriétaire des lieux. Il exerce ce métier depuis vingt ans. « On achète nos livres dans les marchés, souvent aussi les librairies officielles font des inventaires et nous en achetons », renseigne-t-il, dans un français familier. Ses stands contiennent différents types d’ouvrages. On peut citer, entre autres, des livres de chevet pour les tout-petits, des manuels scolaires, sans oublier les classiques des littératures afro-africaines et orientales. C’est ce qui explique selon M. Mbaye, l’affluence qu’il note tous les jours dans son commerce.

Rapprocher le livre des consommateurs

Dans un français qui laisse à désirer, notre interlocuteur, Matar Mbaye, lance à qui veut l’entendre que les librairies « par terre », c’est un boulot qui marche pratiquement toujours. « Les prix sont abordables. Nous vendons des livres dont les prix peuvent varier de 1000f à 20000f », lâche-t-il. De son avis, ces lieux de vente informelle ont permis de faciliter à tous, l’accès aux livres et au savoir.

Mieux encore, on les retrouve un peu partout, même dans les marchés hebdomadaires. Des propos que confirme Fadialla Samoura, étudiant en marketing à la faculté des Sciences économiques et de Gestion (Faseg). Venu récupérer auprès du vendeur un livre commandé la semaine dernière, intitulé « L’autoroute des millionnaires ».

Il informe avoir déjà acheté plus de dix ouvrages dans cette librairie « par terre ». « « Le prix des livres est plus abordable ici et on y trouve souvent d’excellents manuscrits », explique-t-il, avant de ranger son livre dans un sac qu’il tenait en bandoulière. L’étudiant ajoute « qu’au Sénégal, il y a beaucoup de gens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, alors les librairies par terre facilitent l’accès à la connaissance ». Des propos que corrobore Joseph Sadio, étudiant au département de philosophie à l’Ucad, vêtu d’un polo de couleur bleue. Lui aussi, est un habitué des lieux.

Il a déjà acheté un livre de développement personnel : « L’homme le plus riche de Babylone ». Il confirme que ce commerce permet « un accès équitable pour tous à la documentation et dans la quête du savoir ». Selon lui, leur existence dans les rues de Dakar confirme que le savoir peut-être acquis partout où l’on puisse être. « Je suis un jeune curieux et assoiffé de savoir. Ce n’est ne pas seulement dans les quatre murs qu’on peut trouver la sagesse, on peut dans n’importe quel lieu puiser du savoir, l’essentiel c’est la volonté de chercher », confie Joseph, dans un langage paraverbal.

 

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Publié

Natif de Vélingara dans la commune de Nguéniène ,étudiant en 3e année au centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI) ,spécialisé en presse écrite.Titulaire d'une licence en Communication Digitale à l'université numérique Cheikh Hamidou Kane,pôle Sciences techniques et numérique ,j'ai également fait deux ans de formation en journalisme et communication à l'institut de management (IMAN). Jeune écrivain ,je suis en outre ,stagiaire au quotidien national "Le Soleil" depuis novembre 2023.

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