La précarité des journalistes à la loupe au Carrefour d'actualités
Le Centre d'études des sciences et techniques de l’information (Cesti) a abrité, mercredi 3 juillet, un panel pendant lequel les intervenants se sont penchés sur les problèmes qui secouent le secteur des médias au Sénégal
La convention collective de la presse n'est pas respectée par certains employeurs des entreprises de presse. C’est la conviction du secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) au Sénégal, Bamba Kassé. Il intervenait dans un panel organisé, mercredi 3 juillet, par l’Amicale des étudiants du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) dans le cadre du traditionnel “Carrefour d’actualité“ de cet établissement. Cette rencontre a porté sur le thème : “le rôle des organes d’autorégulation et des organisations professionnelles dans la responsabilité des journalistes et leur insertion“.
Bamba Kassé a relevé la caducité de cette convention si l’on prend en compte le coût de la vie actuelle. A ce propos, il a reconnu que la plupart des médias publics avaient dépassé la convention, c’est-à-dire le minimum qu’ils doivent payer les professionnels du secteur médias. “Ils ont parfois des accords internes plus avantageux que la convention“ a-t-il affirmé devant des étudiants en journalisme.
Il a aussi soulevé la question des entreprises postérieures à la convention ou les dirigeants des médias qui ne sont pas membres des patronats de la presse. « Ces gens, a-t-il ajouté, peuvent refuser d’appliquer la convention ».
Concernant les professionnels des médias qui font renouveler ad vitam aeternam les contrats de stage ou de prestation, Kassé a prévenu que le code du travail ne les protège pas tout en rappelant que le syndicat n’est qu’un appui et c’est l’employé qui décide.
Auparavant, le secrétaire général du Synpics a expliqué aux futurs journalistes le rôle du syndicat qu’il dirige, l’historique et les principes de la convention.
La convention signée en 2017 lie les patronats de la presse et les travailleurs des médias.
Ont également pris part à cette conférence comme panélistes, le journaliste Souleymane Niang, Seydina Aba Guèye de la convention des jeunes reporters du Sénégal et Ibrahima Lissa Faye, fondateur Pressafrik.com, un média en ligne.
Journaliste et directeur de l’information au Groupe Futur Média (GFM), Souleymane Niang a incité les étudiants du Cesti à “se rendre plus indispensables pour gagner plus“ quand ils seront dans la vie active.
“Développez votre capital humain, investissez sur vous-même, n’attendez pas tout de l’entreprise uniquement. Rendez-vous indispensables quand vous faites des investissements nécessaires en temps, en énergie, en talent et parfois en argent“, a-t- insisté
Pour sa part, Ibrahima Lissa Faye a aussi exhorté les apprentis-journalistes à “trimer pour se rendre valables“. “Si vous n’êtes pas valables et que vous travaillez quelque part, vous allez rester esclave là-bas. Et si vous êtes valables, ce sont les gens qui auront besoin de vous. Et dans ce cas de figure, vous aurez l’embarras du choix entre les rédactions et les ONG“, a dit l’ancien journaliste au Groupe Sud communication.
Abordant le sujet des conditions de travail des professionnels des médias, Seydina Aba Mbaye a informé que la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) dont il est membre, a réalisé une étude qui a révélé la situation “alarmante“ des professionnels des médias.
Selon lui, sur un échantillon de 216, plus de 11% sont des stagiaires, seulement 23% ont des CDI, 22% des CDD et le reste ce sont des prestataires et des gens qui n’ont pas de contrat. Il a également indiqué que 86% des journalistes n’ont pas de couverture maladie et la majorité d’entre eux sont pris en charge par la convention. ''La première violation des libertés de la presse se fait dans les rédactions. On ne respecte pas les journalistes“, a fustigé M. Guèye.
Le modèle économique n’est pas un problème de l’employé, c’est le dirigeant de l’entreprise de se débrouiller pour son modèle économique lui permette de se positionner dans un environnement extrêmement concurrentiel et de tirer son épingle du jeu, a ajouté Souleymane Niang