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A Sandiara, les éleveurs de moutons ruminent la mévente après la Tabaski

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La fête de Tabaski n'a pas fait grossir le chiffre d'affaires de bon nombre de vendeurs de moutons rencontrés au foirail municipal de Sandiara. Pour ces derniers, outre la cherté de l'aliment de bétail, la concurrence des éleveurs de la sous-région et la mévente les poussent à baisser leur prix pour éviter davantage de pertes.

Au foirail municipal de Sandiara, les vendeurs de moutons n'ont pas fait  un bon chiffre  d’affaires lors de la fête de Tabaski. Il est  midi passé de quelques minutes en cette matinée du samedi 22 juin, cinq jours après la fête de l'Aid El Kebir. Dans ce foirail, l’un des plus grands du pays, rien n'indique que c'est la fin de la Tabaski. Des moutons en nombre important par-ci, des scènes de marchandages par-là règnent en maître sous le bêlement des moutons.

Pour Alioune, un marchand de mouton d'une quarantaine d'années, habitant Sandiara, la vente de moutons ne marche pas cette année. À l’en croire, les clients n'ont acheté leur bélier que les deux derniers jours précédant la Tabaski.

Chez Alioune, la plupart de ses moutons sont invendus."Tous ces moutons que vous voyez sont achetés entre 120 et 130 000 Francs CFA, on est obligé de les brader à 100 000 Francs CFA. C'est vraiment un manque à gagner puisque chaque jour les dépenses en foin dépassent 50 000 Francs CFA voire 70 000 FCFA", confie le vendeur qui dit avoir  acheté ses bêtes à Linguère un mois avant la Tabaski.

À Sandiara, le lendemain de la fête de Tabaski est synonyme de pertes d'où le fait pour bon nombre d'éleveurs d'emmener leur mouton dans les villages pour réduire les dépenses liées au fourrage et autres aliments de bétail.

Originaire de Joal, Demba Ka s'active dans l'élevage de moutons chaque année. Il a acheté toutes ses bêtes à Dahra Djolof, six mois avant la fête de Tabaski. L'éleveur dit avoir constaté un nombre important de moutons cette année par rapport aux précédentes. Demba pointe également du doigt la décision du gouvernement d'exonérer les taxes aux éleveurs étrangers. "Je n’ai presque rien vendu. Je ferai le tour des marchés hebdomadaires pour essayer de vendre le reste. Pour les béliers de 150 000, je ne réduirais que 10 000", explique-t-il en montrant un petit bélier de six mois qu'il compte vendre à 100 000 Fcfa.

Espoir et crainte 

Debout au milieu de son troupeau d'une cinquantaine de têtes, turban noir enroulé autour la tête, Ahmad, un marchand mauritanien observe ses moutons. De temps en temps, il fait quelques mètres de marche tout en scrutant des clients potentiels. Il déplore la mévente cette année. " Je n'ai rien vendu, les moutons sont toujours là. J’ai beaucoup de moutons, je n'ai même pas vendu la moitié. J'ai diminué les prix mais je peine à voir des clients", regrette le marchand à l'accent maure et résidant à Nguékhokh.

À quelques pas de là, Wagane, assis sur sa moto, s'apprête à rentrer avec un mouton devant lui. De l'avis de cet l'homme d'une trentaine d'années et originaire de Fissel, les prix ont diminué et il reste beaucoup de moutons. Pour son bélier d'à peine six mois, de race "bali bali” (mouton aux grandes oreilles), il l’a acheté à 85 000 Fcfa.

Tout le contraire pour ce vendeur sexagénaire répondant au nom de Mbaye Dione qui avoue que le prix des moutons n'a pas baissé après la Tabaski. Pour ce marchand, le nombre important de moutons au niveau du foirail montre à suffisance que la mévente s'est installée chez la plupart des éleveurs. "Des moutons, il en reste beaucoup, mais les marchands refusent de diminuer les prix. Mes deux béliers sont juste âgés de cinq à six mois et je les ai achetés  avant hier à Mbafaye à 50 000 et 45 000 Fcfa", affirme-t-il.

Toutefois, M. Dione se désole du prix du sac de coraille coûtant 17 000 Fcfa et insoutenable pour les éleveurs. Entre le vieux Mbaye et un de ses clients, le marchandage s'éternise. "Hé Gorgi kaay jênd xar bi, mono ñëw ma ramasse ñaar yi" (Ndlr : Vieux vient acheter ce mouton, sinon je vous vends les deux à bon prix), dit-il. Le client n'est pas encore convaincu malgré la réduction du prix proposé " 65 000 laa lajón bo joxé 60 000 Fcfa ma joxla ko, ma defal ci xewël. Xar bi daa xiif wayé worna Rasulu Laay lo ko jox ci ripas mu lek ko (Ndlr : Je l'ai acheté à 65 000, mais avec 60 000 Fcfa, je peux vous le vendre. Le mouton a juste faim, mais au nom du prophète s'il est bien nourri, il regagne du poids)", renchérit le vendeur. Pour son potentiel client, la réponse est  " jamono mo nexut " (Ndlr : la conjoncture est difficile).

Retrouvé sur l'une des allées du marché, Modou n'a pas constaté une diminution du prix des moutons. L'homme de taille élancée vient d'acheter un petit bélier à 60 000 Fcfa pour l'élevage.

Cette année, la fête de Tabaski a coïncidé avec la deuxième quinzaine du mois et la promesse des autorités d'une disponibilité des moutons en nombre important. Ce qui explique la mévente selon Mamadou Demba Ba pour qui les clients se sont basés sur cela pour ne pas proposer de bons prix et acheter leur bélier tôt. L'éleveur natif de Dahra Djolof prône un soutien des autorités aux éleveurs locaux.

"Le gouvernement doit restreindre le nombre de moutons entrant dans le pays. Le Sénégal a assez de moutons et on doit soutenir les éleveurs locaux, il y avait beaucoup de moutons des pays de la sous-région. Les marchands mauritaniens peuvent promettre de réduire les prix mais une fois dans les marchés, ils refusent de les réduire", souligne Mamadou, obligé de faire le tour des marchés hebdomadaires pour vendre le reste de son troupeau.

 

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Publié

Je suis étudiant Licence 3 de Journalisme, option presse écrite. J'ai effectué récemment mon stage à l'Agence de presse sénégalaise (APS). J'ai fait des études de géographie à l'Ucad et je suis un passionné des questions environnementales et sociales.En partenariat avec le Cesti et l'Organisation Internationale de la Francophonie, j'ai couvert la récente élection présidentielle sénégalaise en tant que Jeunes Reporters Francophones (JRF). Deux ans auparavant, j'étais moniteur dans le projet Monitoring des médias sur les élections législatives au Sénégal avec CESTI et Gorée Institut.

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