Sur la corniche de Dakar, les passionnés de pêche à la ligne se livrent

Comme à l’accoutumée, il fait frais à Dakar durant le mois de février. A la corniche ouest , la plupart des visiteurs sont lourdement habillés pour se protéger du vent frais. Tout juste derrière la brigade de gendarmerie, sur la plage, un groupe de personnes s’entrainent. Auprès d’elles, les vagues de l’océan déferlent et se heurtent sur les roches destinées à stopper l’avancée de la mer. Sous un ciel assombri, le temps n’est pas clément pour ses passionnés de la pêche à la ligne qui s'adonnent à cette activité méconnue du grand public.

Mariam Cissé est une habituée des lieux. Elle manie avec perfection la canne depuis des années. Ce dimanche, contrairement aux autres jours, la pêche n’est pas bonne pour elle à cause du climat. D’un air optimiste, la cinquantaine révolue, habillée d’un pull-over rouge doublé d’une jacket a dans son récipient un petit poisson. « C’est une passion pour moi. Je la pratique toujours quand je n’ai rien à faire. Même si je n’attrape pas un poisson, le fait de lancer simplement me donne du plaisir. Ce n’est pas le poisson qui m’intéresse, c’est plutôt le plaisir que j’éprouve de faire çà » lâche-t-elle.

Ces amateurs de pêche à la ligne se rendent régulièrement à la mer. A l’instar de Madame Cissé, Abderrahmane est aussi un passionné de la pêche à la ligne. D’un bonnet bleu, d’un gilet gris assorti d’une longue masse rouge comme sous-vêtement, l’homme est d’une grande corpulence. Téléphone à la main, le quinquagénaire avant de se lancer dans la cueillette des poissons utilise des applications téléphoniques comme Fishing  point pour détecter la prévision de l’activité des poissons. « A partir de ce système, nous avons une prévision de l’activité des poissons par apport à la position du vent » raconte-t-il.

Quant à Mohamed, c’est la passion qui le pousse à pratiquer ce métier. « Nous pratiquons la pêche à la ligne par passion. Depuis une dizaine d’années, je l’exerce mais je n’ai jamais vendu de poissons. Ma capture est destinée à la consommation de la famille. Vous savez, les temps sont durs et le poissons est trop cher à Dakar » martèle-t-il. Parmi les espèces aquatiques qui sont capturées, il y a des crevettes,  des calamars, des sardines, les machottes, les daurades, à en croire Mohamed. 

La mer ne sourit pas toujours à ces pêcheurs qui parfois, font face à la rudesse du temps ou aux conditions climatiques défavorables. «De temps en temps, je viens chercher du poisson. Aujourd’hui la pêche n’est pas bonne, il y a beaucoup de vents » déplore Mariéme qui indique qu’il leur arrive souvent de rentrer bredouille.

La pêche n’est pas toujours bonne, si l’on se fie à ces amateurs. Les jours malheureux sont difficiles à digérer pour Mamadou Diallo, pêcheur aussi. Assis sur une pierre, munie d’un pull-over, il s’offre un petit moment  pour observer attentivement sa canne. Selon lui, «la pêche c’est comme ça. Vous pouvez venir toute une journée sans attraper de poissons». En regardant son récipient vide, Amadou renchérit : « Si j'avais su que ça allait se passer comme ça, je ne serais pas venu venu pour cueillir des poissons.

La pêche à la ligne utilise une longue canne sur lequel est noué un fil mince dont on accroche le produit pour appâter les poissons. Elle est un accessoire allongé en forme de bâton, touchant le sol et tenu à la main, principalement destiné à attraper le poisson. L’outil mesurant 4 à 5 mètres varie en fonction des bourses. Parmi elle, il y a une canne symbiose et une canne décathlon. Selon notre interlocuteur, une canne décathlon de 4 mètres 20 coûte approximativement 85 mille francs CFA alors que les cannes symbioses sont plus chères. Et pour l’obtenir, le pêcheur doit débourser une somme de 110 mille francs CFA.

Si certains de ces dilettantes de la pêche à la ligne  préfèrent ramener leur capture à la maison pour les besoins de la famille, d’autres, par contre, vendent les poissons sur le marché. C’est le cas d’Albert. Vêtu d’un blouson, canne à la main, ce quarantenaire est un habitué des lieux. Il estime qu’il y trouve son compte au moment où le climat est très favorable. «Alhamdoulilah, je m’en sors très bien. Je ne me plains pas. J’arrive à écouler mes produits dans le marché et ça me rapporte beaucoup d’argent. C’est devenu un vrai métier pour moi ».

Loin de Fasse Boyes, Kayar, Lompoul, la corniche ouest est un endroit  très apprécié des amateurs de pêche pour la collecte de poissons.