--

Circulation tumultueuse entre automobilistes et Jakartamens

s

Les moto-jakartas gagnent plus en plus de terrain à Dakar. L'interdit de transport des deux roues par le préfet fait qu'ils se tendent vers la livraison. Mais leur cohabitation avec les bus tata, les taxis et les cars rapides dans la circulation Dakaroise demeure un problème.

Il est 12h. Les embouteillages battent leurs pleins sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Des voitures de tout genre : 4x4, taxi, bus tata, car rapide et surtout des jakartas qui slalomant entre les voitures. Dans la circulation, les transports en commun, les particuliers et les jakartas n’arrivent pas à s’entendre. Chacun se rejette la faute : « les conducteurs de jakarta ne connaissent pas le code de la route », accusent les automobilistes. « Les taximans et les chauffeurs de tata sont impolis », répliquent d'autres. Chacun pointe du doigt l’autre parlant du débordement sur la route de l’avenue.

Responsabilités partagées

A quelques pas de là, se trouve la porte centrale de l’UCAD comportant deux voix de passage aller et retour des moyens de transport et deux petites portes pour les piétons. Garée au bord de la route, à la gare de bus tata à côté de la porte du couloir de la mort, un ensemble de sachet contenant des colis à livrer  entre les  mains, Moussa est  livreur. En  destination de Ouakam avec son jakarta, il parle d’incompréhension des chauffeurs avec la route très étroite. 

« La route est trop étroite dans certains endroits et même dans les embouteillages, seules les motos peuvent y passer. Les chauffeurs doivent nous laisser un peu d'espace pour qu’on puisse passer. Non seulement ils ne le font pas, mais ils ne veulent pas qu’on les double ». D’un autre moyen de transports, les raisons diffèrent.

Les acteurs du transport en commun émettent des explications qui mettent en exergue « l’indiscipline notoire », disent-ils, des conducteurs de moto-jakarta. Ibrahima Mbaye est chauffeur de bus Tata à  la ligne 71. Il est trouvé dans les embouteillages sur le rond-point de l’avenue Cheikh Anta Diop.  Mains  au volant, regard fixé sur la circulation, il roule doucement. Devant lui, un bus Dakar Dem Dikk est doublé par deux jakartas qui passent par un étroit espace entre les voitures.

Teint noir, barbu, chapelet au coup, le trentenaire  évoque l’indiscipline des conducteurs de jakarta : « Il y a toujours accrochage entre nous et les Jakartamans, on se dispute souvent sur la route car ils conduisent avec impolitesse. Ils passent sous nos rétroviseurs. Seule la maitrise du code peut réguler la route ». 

Les taximans abondent dans le même sens que leurs confrères des transports en commun : la cohabitation n’est pas toujours des meilleurs. Ils ont une relation conflictuelle. Serigne Modou, taximan, vient de s'arrêter suite à l’interpellation d’une  cliente. « Parcelles ? » lui demande-t-elle en étant courbé devant la portière du taxi. Le taximan lui dit de monter « c’est à 2500 francs Cfa » avec la musique en fond sonore. Ils chargent les jakartamans : « Ils ne savent rien au code de la route, ils conduisent n’importe comment».

Des risquent d’accident

Awa a failli être renversée par une moto devant nous. Elle traverse la route en face de la porte de l’Université  quand le conducteur de jakarta débarque de l’autre côté. «Voulez-vous me tuer» s'écrie-t-elle alors que le jakartaman sur sa moto de couleur jaune ne s’est même pas retourné.

Visiblement en colère, Awa appelle les forces de l’ordre à mieux réguler la circulation surtout avec « ces genres de personnes qui se f**tent de la vie humaine », martèle-t-elle. Mais toujours est-il que ces derniers précités se dédouanent de ce qu’ils considèrent comme « des accusations ».

Les conducteurs de moto-jakarta sont toujours « accusés » de semer la pagaille sur la route. Les deux roues sont dans la livraison. Ils récupèrent des colis ou les transportent dans des destinations indiquées par les clients. Intercepté devant la porte de l'Ucad, Khadim Touré gare sa moto à côté. Un pied sur l’accélérateur, l’autre sur le sol, il est habillé d’un pull-over de couleur gris et a les mains dans les poches.

L’ancien étudiant à la faculté de droit s’active dans la livraison. Teint clair, un peu élancé, la vingtaine dédouane ses pairs et rend les coups des automobilistes : « c’est eux les fautifs, ils maitrisent les codes mais ne les respectent pas. Ils sont plus impolis, c’est eux qui amènent les débordements »

Chauffeurs et jakartamans voient leur cohabitation être de plus en plus difficile. Ils exhortent les forces de l’ordre à une présence routière beaucoup plus exhaustive pour une meilleure régulation de la circulation.

Author Info Section
Profile picture of Khoudia Dia

Publié

Je suis Khoudia Dia, étudiante en troisième année de journalisme au CESTI, option Radio. Je suis particulièrement intéressée par la Sante et la Culture. Restez connecter !!!

Découvertes

  • Librairie par terre, une mine de savoir à petits prix
    Découvertes

    Librairie par terre, une mine de savoir à petits prix

  • Sur la route de Keur Massar, l'aménagement du paysage au détriment des marchands ambulants
    Découvertes

    Sur la route de Keur Massar, l'aménagement du paysage au détriment des marchands ambulants

  • Comment Sénégal Mine transforme Mbodiène en enfer
    Découvertes

    Comment Sénégal Mine transforme Mbodiène en enfer

  • Stop, le BRT passe
    Découvertes

    Stop, le BRT passe

  • Répartition des revenus pétroliers : A quel chiffre se vouer ?
    Découvertes

    Répartition des revenus pétroliers : A quel chiffre se vouer ?

  • Le Jardin des nations : Balade au parc d'attraction des étudiants
    Découvertes

    Le Jardin des nations : Balade au parc d'attraction des étudiants

Image de Immigration clandestine, les motivations d'une jeunesse désœuvrée
Immigration clandestine, les motivations d'une jeunesse désœuvrée

actualite

Image de Autopont, la solution aux embouteillages à Keur Massar ?
Autopont, la solution aux embouteillages à Keur Massar ?

actualite

Image de Accident : Les transporteurs contestent les mesures du gouvernement
Accident : Les transporteurs contestent les mesures du gouvernement

actualite

Image de Un Kankourarng aux Hlm Grand-Yoff
Un Kankourarng aux Hlm Grand-Yoff

reportage

Image de Aliou Cissé et les sénégalais: L'heure du désamour
Aliou Cissé et les sénégalais: L'heure du désamour

reportage

Image de Alliances politiques : Ennemis hier, alliés aujourd'hui
Alliances politiques : Ennemis hier, alliés aujourd'hui

chronique

--