Au campus social de l'Ucad, les punaises de lits envahissent les chambres
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En cette période de forte chaleur, les punaises de lits sont très présentes dans les chambres d'étudiants. Une invasion très incommodante qui pousse beaucoup d'étudiants à passer la nuit dans les couloirs.
Du haut de son lit, T. Sow se débat énergétiquement contre des punaises de lits. Des ennemis invisibles qui lui causent les pires démangeaisons de sa vie. Le malheureux s'inflige de profondes griffures à différents endroits du corps. Du cou aux chevilles en passant par l'abdomen, tout est zébré d'égratignures.
Une nuée de puces se disputent son corps décharné. Il se gratte bruyamment l'avant-bras et se redresse sur son séant. Son sommeil perturbé, il promène au hasard sa main sur le lit, retrouve son téléphone et allume la torche. Pas la moindre présence de punaises. Ces suceuses de sang ont le don de se dissimuler dans la nuit noire, laissant leur hôte plein de dermatites.
Mais, une traînée d'odeurs nauséabondes trahit parfois leur discrétion. Elles se glissent entre le matelas et le sommier pour échappper à la contre-offensive fulgurante de l'adversaire.
Des insectes, très petits de taille, de forme ovale, très plats, sans ailes et de couleur brune, qui deviennent subitement rougeâtre après gavés de sang, du sang d'étudiants dénutris.
À l'image de M. Sow, beaucoup d'étudiants peinent à retrouver le sommeil dans les chambres du pavillon A. Leurs lits et leurs armoires sont infestés de punaises. Des piqueuses qui sucent leur sang, aux heures de profond sommeil.
El Haj Becaye Camara connaît le modus operandi de ces sangsues, pour avoir fréquenté des chambres à forte promiscuité. L'étudiant en journalisme s'érige en spécialiste. Il explique : "C'est des bestioles qui sont actives la nuit. Un moment propice pour elles de mieux sucer le sang, sans risquer de se faire écraser. Le jour, elles se cachent dans les armoires. De plus, elles ont une capacité de reproduction extraordinaire".
Les punaises sont très sobres dans leur alimentation, d'après certaines études. Elles sucent durant dix à vingt minutes le sang de leur hôte. Une ponction suffisante pour tenir une année de jeûne.
Faut-il accepter de se faire sucer le sang ou de céder sa couchette ? Les étudiants les moins sensibles dorment, poings fermés. Les plus allergiques fuient les chambres, se réunissent entre eux, et s'improvisent un passe-temps.
Le Centre des oeuvres universitaire de Dakar (Coud) avait l'habitude de pulvériser les chambres pour les éradiquer. Mais l'espèce est résiliente et s'adapte aux insecticides. Tel un phénix, elle renaît de ses cendres et se remet à la chasse.
Des solutions tardent à venir de la direction du Coud. Peut-être qu'un retentissant concert de casseroles pourrait diligenter la solution. Le sommeil avait déjà quitté le campus social de l'Ucad. Les fêtards dictent leurs lois, sans jamais être inquiétés. Les concerts s'enchaînent et les mœurs se libèrent. Il ne restait plus que des punaises pour compléter la liste.