Tourisme à Ndangane : Basse saison, baisse de revenus pour les hôteliers
À Ndangane, porte d'entrée des îles du Saloum, la basse saison touristique est synonyme de baisse de revenu pour la plupart des hôteliers. Ces derniers ayant vu la majorité de leurs réservations étrangères annulées pendant les troubles politiques au Sénégal, espèrent du tourisme local un regain des activités pendant les vacances.
Passage obligé pour la plupart des visiteurs des îles du Saloum, Ndangane se démarque comme un havre de paix dans la commune de Fimela. Dimanche soir, 18 heures, l'embarcadère accueille une symphonie de pirogues colorées, tandis que les contours des îles se dessinent à l'horizon. À cette heure, le soleil dissipé par les nuages ne dicte pas sa loi. Sur la plage, les effets de la pluie du matin sont visibles et captivent tous les visiteurs dans une atmosphère empreinte de calme et de beauté naturelle.
Sur l'embarcadère peu animé, une multitude de pirogues aux couleurs diverses sont arrimées. Au loin, on peut observer certaines îles à l'horizon. "La proximité de Ndangane avec la mer et sa position de porte d'entrée des îles du Saloum en font une destination privilégiée"', explique Florence, une Française gérante du campement le Cormoran.
La saison touristique démarre au Sénégal au mois de novembre et se poursuit jusqu'en juillet quand commence la basse saison, marquée par une diminution du nombre de touristes étrangers. Pour Florence, cette année, la saison touristique est très mauvaise. Et ce n’est pas nouveau. "Depuis la Covid, on souffre et on ne se rattrape pas parce que chaque année, il y a des freins au tourisme. Il y a la période Covid et après les gens restaient très free de voyager. Ça a repris un petit peu à la saison d'après et cette année on est tombé sur les élections."
Activité à l'arrêt
Dans le campement touristique de Ndangane, ce secteur est essentiel dans la vie de ses habitants : piroguiers, charretiers, restaurateurs, et vendeuses de cacahuètes y trouvent leur compte. Cette année beaucoup de réservations ont été annulées à cause des fake news qui se propageaient dans les réseaux sociaux concernant les violences pré-électorales au Sénégal.
Toutefois les habitués et nostalgiques sont venus visiter Ndangane et les îles du Saloum. "Les élections ont réduit les revenus qu'on tirait de la saison touristique mais on espère maintenant que les clients viendront en masse", soutient Jeanne Mossane Bakhoum, une restauratrice établie tout près de la route de l'embarcadère. Selon la native de Djilor Djidiack, village natal de Léopold Sédar Senghor, l'absence de touristes a entraîné l'émigration de beaucoup de piroguiers qui ont abandonné leur travail.
Laurence est une Canadienne qui visite Ndangane pour la première fois, mais déjà elle admire ce village. "Les gens sont très ouverts et la nature y est belle. Je rentre la semaine prochaine mais je compte revenir en 2025", souligne l'étudiante de 22 ans, assise sur la plage avec une amie en contemplant les îles situées à un jet de pierre du campement. Tout comme elle, le jeune Espagnol Pallo, en train d'embarquer pour Mar Lodj, en compagnie de trois de ses compatriotes, est aussi heureux d'être à Ndangane.
Dans ce campement, beaucoup de jeunes s'activent dans le transport maritime. Ils assurent la liaison entre Ndangane et les îles comme le village de Mar Lodj, célèbre pour son tam-tam téléphonique, son vieux cailcédrat, l'arbre sacré du village et l'île des oiseaux.
"Nous amenons des clients dans les cabanes pour qu'ils s'achètent des poissons grillés et fassent des pique-niques. Ils se baignent aussi avant de rentrer le soir. Ici, il n'y a pas de prix fixe pour le transport, on marchande, les tarifs ne sont pas fixes. Généralement, le trajet est facturé à 25 000 ou 30 000 francs", affirme El Hadji Senghor, piroguier quinquagénaire s'activant dans le tourisme depuis 20 ans.
Explorer le tourisme local
Ici, les clients viennent en grand nombre durant la période de novembre à avril. Mais à partir de mai-juin, c'est la saison morte. Pour les hôteliers qui avaient beaucoup de clients, en ce mois de juillet, les touristes étrangers se font rares. De l'avis de la Française Florence, gérante de l'hôtel « le Cormoran », cette situation s'explique par le fait que "pendant cette période, il fait beau en Europe. La période juillet-août, c'est les vacances et les gens peuvent aller à la plage pour profiter du soleil", argue-t-elle.
Après les annulations de réservation dues aux troubles pré-électoraux, l'avenir se dessine en pointillés pour la plupart des gérants d'hôtels rencontrés qui ont même diminué leur effectif. "Si l’on gagnait 100% en saison normale, on ne gagne que 20% en basse saison", déclare Adama Diouf, président du syndicat d'initiative du tourisme à Ndangane. Une association qui dénonce les contrats temporaires illimités et les contrats moraux.
Taille élancée, d'une corpulence forte, Tony est un animateur événementiel. Il est venu à Ndangane pour lancer la quatrième édition de son « pool party » (une fête autour d'une piscine.) qui se déroule chaque année pendant les vacances dans ce campement. "Franchement, c'est un endroit qui intéresse de plus en plus les gens qui ont tendance à y venir pour se rendre dans les îles. Pendant les vacances, on note une affluence de visiteurs sénégalais. Et puis les frais d'hébergement sont accessibles. Il y a des chambres de 15 000 à 25 000 francs la nuitée", constate Didier venant de Nianing. À l'en croire, cet endroit à la belle nature est paisible pour se reposer.
Confronté à un manque de clients étrangers, Ndéye Gnilane Faye, gérante de l'hôtel « le Piroguier », situé en face de l'embarcadère a diversifié son offre pour s'adapter à cette nouvelle donne. Elle propose des balades, de la pêche et des excursions pour attirer la clientèle locale durant les vacances.
Pour rendre attractive la destination Sénégal, Djiby Sy, trouvé assis devant le campement « l'Imprévu » dont il est le gérant, souhaite la réduction des taxes. Cette mesure, dit-il, va réduire le prix du billet d'avion et faire revenir les touristes qui préfèrent se rendre au Maroc et en Tunisie.
Le tourisme est une source de revenus pour la plupart des habitants de Ndangane mais depuis la pandémie de Covid 19, ce secteur peine à retrouver son lustre d'antan. Pour ces acteurs, après les nombreuses annulations de réservation, la réduction des taxes sur le billet d'avion et le tourisme local peuvent sauver cette saison touristique.