Les causes des nombreux accidents de la circulation
Nos routes ont causé la mort de 21 personnes en l’espace de cinq jours. 12 personnes sont mortes dans une collision entre Ngaye Mékhé et Kébémer. Un camion fou tue 3 enfants de moins de 5 ans à Saraya (Kédougou). Jeudi dernier, 6 personnes ont perdu la vie dans un accident à Ndouloumadji.
En 2023, l’axe Louga - Linguère a comptabilisé en moyenne 45 morts par accident. La tragédie continue malgré les mesures drastiques prises par l’Etat du Sénégal après l’accident de Sikilo l’an passé. Si certains Sénégalais pointent du doigt l’indiscipline des chauffeurs, d’autres pensent que les mesures prises par les autorités sont inefficaces.
A la gare routière de Colobane, l’ambiance bat son plein. Entre le klaxon des cars "Ndiaga Ndiaye" et bus "Tata", le brouhaha des chauffeurs et apprentis laisse voir que rien n’est étranger, tout est routinier. « Ici devant la porte de la gare, un chauffeur de car a essayé d’échapper à un contrôle routier jusqu’à heurter un peloton de voiture devant des policiers ». Trouvé dans une pleine discussion un groupe de chauffeurs fait le procès à leurs amis conducteurs.
Modou Diop, l’un d’entre eux, est un chauffeur d’un horaire qui roulent entre Dakar et Kaolack. Cheveux légèrement grisonnés, corps bien dodu du haut de ses 50 bougies, il pense que son métier est infiltré par des gens mal intentionnés. « Plusieurs chauffeurs ne savent pas conduire. Il est primordial d’apprendre à bien conduire avec le temps sans précipitation. La plupart d’entre eux sont commerçants, ils ne cherchent qu’à remplir leurs poches », renseigne le conducteur.
Les passagers, quand à eux, trouvent que l’usage des téléphones est la principale source de ces accidents. Baye Ndiaye, la soixantaine, pense ainsi. « Les appareils sont la cause des accidents. Beaucoup de chauffeurs conduisent et se connectent en même temps sur les réseaux sociaux » fait-il savoir.
Au sortir de l’accident tragique de Sikilo, plusieurs mesures ont été prises pour endiguer les accidents. Le conducteur Modou Diop souligne que ces mesures sont inefficaces. « Le fait que les policiers immobilisent les voitures sur l’autoroute à péage par centaine jusqu’à 5 h du matin fait partie des causes des accidents car les voitures font une course de vitesse entre eux pour rattraper le temps perdu après chaque coup d’envoi des policiers », précise-t-il.
Makhtar Sylla, expert en prévention routière, pense que la principale cause des accidents est le facteur humain. « Il se manifeste par fatigue et la somnolence, la conduite en état d’ébriété, l’utilisation du téléphone au volant ». L’expert souligne que la plupart d’entre eux ne respectent point le code la route.
« Il y a que 3 % qui respectent le code de la route ou qui ont un comportement citoyen sur la route. Nous distinguons 3 types de chauffeurs. Ceux qui conduisent en respectant le code de la route, ceux qui conduisent connaissant les règles sans les respecter et ceux qui conduisent sans connaitre les règles », explique-t-il.
Pour lutter contre ce fléau, Sylla propose sa solution : « Il faudrait impérativement que tous les chauffeurs passent par une auto-école pour bien apprendre à conduire avant l’obtention de son permis de conduire. Il faut que l’éducation routière puisse être intégrée dès le cycle primaire », préconise l’expert.
De nouvelles mesures sont annoncées par le ministre des Transports El Malick Ndiaye après l’accident de Ngaye Mékhé. Le Sénégal totalise 3 000 morts sur les routes entre 2017 et 2024.