Diplômés sans emplois, ils conduisent des motos "Jakarta" pour s'en sortir
Des dizaines de jeunes diplômés s'offusquent de leur sort devant l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ils estiment que les diplômes universitaires ne garantissent pas de métier. Désœuvrés, la plupart d'entre eux se livrent au métier de conducteur de taxi motos.
En face du portail principal de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, nous avons trouvé sur le trottoir, plus d’une dizaine de jeunes diplômés sans emploi. Ils vivent régulièrement du métier de « Tiak –Tiak », la livraison par moto.
Ibrahima Faye est diplômé de sociologie à l’Ucad. Jeune de teint noir trouvé sur sa moto, il peine à valoriser ses diplômes depuis sa soutenance. « J’ai fait plusieurs fois des concours. J’ai déposé aussi pour des recrutements mais ça n’a pas marché. Me voici retrouvé avec mon métier de moto taxi ».
Un autre conducteur de moto taxi, Lamine Sané, la trentaine au gilet jaune, casque bien vissé sur la tête. Ce diplômé de Master 2 au département de Lettres modernes se désole de sa situation difficile après ses études universitaires. « Je donnais des cours dans des écoles privées, mais j’ai tout arrêté parce que les gens vous exploitent avec de maigres salaires», confie-t-il.
A l’avenue Cheikh Anta Diop, distinguée par le bourdonnement d’automobiles mêlé au klaxon des véhicules, sur le trottoir à hauteur d’intersection de la ruelle du couloir de la mort, devant la librairie ClairAfrique, Abdourahmane Kane est assis sur un banc avec son appareil photo minute, des clichés en main. Doctorant en chimie et biologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, mine affaiblie par le désespoir, il a participé à plusieurs concours et recrutements de la fonction publique sans succès.
Si les diplômes de l’enseignement universitaire peinent à offrir des emplois aux jeunes fraichement diplômés, beaucoup d’entre eux se lancent dans l’entreprenariat. Seydou Sow est diplômé en Master 2 à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad. Boutique remplie d’outils informatiques, il se livre au commerce d’ordinateurs même s’il garde chaque année l’espoir et tente à nouveau des concours pour espérer retrouver un travail décent.