--

Les vendeurs de chapelet se frottent les mains

s

Le chapelet représente une identité confrérique au Sénégal. Ainsi rien que sa composition donne une idée sur l’appartenance confrérique et il occupe une place déterminante dans la vie de certaines personnes. A Colobane, les vendeurs de cet objet cultuel se frottent les mains surtout pendant les grands évènements religieux.

Comme à l’accoutumée, le marché de Colobane grouille de monde, en cette matinée de samedi. Le soleil est au zénith et distille ses rayons obliques et ardents. Alors que sur le rond-point, non loin de la Maison du Parti socialiste, un embouteillage montre se dessine et rend invivable l’atmosphère, une longue file indienne se crée le long de la route menant vers le garage. 

Sur cette route, se dresse une multitude de magasins et de stands inondés de différents produits. Certains articles sont étalés à même le sol, sur les trottoirs. Parmi ces articles, on distingue facilement les chapelets. Des objets très prisés par beaucoup de Sénégalais de tous âges. Accroché au cou ou enroulé à la main, le chapelet ne se sépare pratiquement pas de certains Sénégalais et se distingue parfois selon l’appartenance confrérique. 

  Sur une ruelle en pleine ébullition rythmée par les pas des passants et la musique distillée par les haut parleurs à côté du garage éponyme, un parterre de chapelets de différentes couleurs et dimensions est étalé devant un magasin de vente d’accessoires de téléphones. Assis à l’entrée du magasin, les yeux rivés sur sa marchandise, un vendeur d’une vingtaine d’années souhaitant garder l’anonymat attend un client.

Le visage pâle, l’air essoufflé, il explique le processus de fabrication des chapelets. « Les perles sont fabriquées avec du bois, puis sculptées et décorées par les Laobés (sculpteurs). C’est à Guédiawaye que nous allons les chercher et ensuite nous procédons à l’empilement à l’aide d’un fil », dit-il. Selon cet originaire des Agnam dans la région de Matam, son rôle consiste à assembler et à vendre les chapelets, autrement dit la finition. Mais le plus grand boulot est réalisé, poursuit-il, par les sculpteurs se trouvant dans les villages de l’intérieur du pays qui convoient leurs marchandises vers la capitale. L’homme se frotte les mains car il gagne bien sa vie surtout lors des grands évènements religieux. 

 Une activité lucrative

  A côté de son étal de fortune, se trouve son collègue, Ousmane Sow à pied d’œuvre. De teint clair, bonnet noir sur la tête et briquet à la main, il règle un dernier détail sur un chapelet qu’il a remis plus tard à un jeune garçon qui s’est aussitôt fondu dans la masse. A en croire Ousmane, la vente de chapelets est une activité très lucrative car elle lui permet de gagner dignement sa vie.

« J’y trouve vraiment mon compte. C’est une activité très rentable car les clients sollicitent souvent nos produits », se réjouit-il avec un début de sourire, avant de reconnaitre que c’est pendant les grands évènements tels que le Gamou, le Magal ou encore le Daaka de Madina Gounass qu’il amasse le plus d’argent. Selon lui, les prix varient en fonction de la qualité du chapelet et surtout de la qualité des perles.

« Le chapelet le plus cher coûte 15 000 francs ou plus et le moins cher de 500 à 1000 francs », annonce-t-il timidement les yeux rivés sur sa marchandise. D’après le jeune foutanké, les chapelets dont les perles sont à base de plastique sont plus accessibles que ceux issus du bois. 

  Plus loin sur la route des HLM, l’ambiance est au beau-fixe et la chaleur est devenue plus accablante. En face de la mosquée Massalikoul Jinane, se trouve Kalidou Ba. Vêtu d’un boubou gris assorti d’un pantalon noir, la mine sereine, le trentenaire est en train d’assembler un chapelet noir. Près de lui, un sachet noir est rempli de perles de diverses couleurs et de rouleaux de fils noirâtres. Alors que devant lui, est exposée une palette de chapelets bigarrés.

Selon l’artisan, les chapelets diffèrent en fonction des confréries. Car, dit-il, chaque confrérie a son propre « wiird » ce qui fait que les compositions et les dimensions des chapelets varient. « Pour la confrérie Tijaniyya, le chapelet est composé de 5 « sédé », (symbole) tandis que chez les mourides, il n’en existe que 2 et parfois 3 », explique-t-il. Ce que confirme Ousmane Sow qui indique que le chapelet tidiane comporte plus de « sédé » en montrant un en guise d’exemple.

  La vente de ces objets est très lucrative si l’on se fie à Kalidou. « L’activité marche à merveille. Je ne me plains vraiment pas car je parviens à écouler régulièrement mes produits», se réjouit-il, avant de révéler que le prix de ses chapelets varie entre 1000 et 50 000 francs en fonction de la qualité.

                                                                                                                            

Author Info Section
Profile picture of Demba  Thiam

Publié

Je suis étudiant en troisième année au CESTI qui s'intéresse à la géopolitique et au sport. Deux domaines qui me fascinent beaucoup.

Découvertes

  • Librairie par terre, une mine de savoir à petits prix
    Découvertes

    Librairie par terre, une mine de savoir à petits prix

  • Sur la route de Keur Massar, l'aménagement du paysage au détriment des marchands ambulants
    Découvertes

    Sur la route de Keur Massar, l'aménagement du paysage au détriment des marchands ambulants

  • Comment Sénégal Mine transforme Mbodiène en enfer
    Découvertes

    Comment Sénégal Mine transforme Mbodiène en enfer

  • Stop, le BRT passe
    Découvertes

    Stop, le BRT passe

  • Répartition des revenus pétroliers : A quel chiffre se vouer ?
    Découvertes

    Répartition des revenus pétroliers : A quel chiffre se vouer ?

  • Le Jardin des nations : Balade au parc d'attraction des étudiants
    Découvertes

    Le Jardin des nations : Balade au parc d'attraction des étudiants

Image de Immigration clandestine, les motivations d'une jeunesse désœuvrée
Immigration clandestine, les motivations d'une jeunesse désœuvrée

actualite

Image de Autopont, la solution aux embouteillages à Keur Massar ?
Autopont, la solution aux embouteillages à Keur Massar ?

actualite

Image de Accident : Les transporteurs contestent les mesures du gouvernement
Accident : Les transporteurs contestent les mesures du gouvernement

actualite

Image de Un Kankourarng aux Hlm Grand-Yoff
Un Kankourarng aux Hlm Grand-Yoff

reportage

Image de Aliou Cissé et les sénégalais: L'heure du désamour
Aliou Cissé et les sénégalais: L'heure du désamour

reportage

Image de Alliances politiques : Ennemis hier, alliés aujourd'hui
Alliances politiques : Ennemis hier, alliés aujourd'hui

chronique

--