G hip hop de Guédiawaye : Quand passion et espoir se joignent
Dans la banlieue de Dakar, le G Hip Hop est un espace qui offre des opportunités de formation et de réintégration à des jeunes qui ont eu un passé avec la justice dans le domaine du hip-hop. Il propose régulièrement des événements en plein air tels que des concerts, des performances de danse, des sessions de rap, d'écriture et de graffiti, ouverts à la communauté locale.
A Guédiawaye, le G Hip Hop est l’endroit idéal où la culture hip hop prend son envol. En pénétrant dans ce lieu, on est immédiatement plongé dans une atmosphère créative. Car ici est le genre de lieu où se mêlent la passion et l’espoir de beaucoup de jeunes talents.
Il est 18h, plus de dix jeunes rappeurs commencent à pratiquer le freestyle en utilisant le concept de "Dadji Mic" (NDLR faire sauter le micro). Entourés d’un public attentif et captivé par les paroles percutantes de ces derniers, chacun tente de dominer l’autre. Dj Mo, l’un des initiateurs du concept ‘’Dadji Mic’’ joue le rôle d’arbitre pour départager les compétiteurs.
« Le hip hop est très populaire aujourd'hui, surtout parmi les jeunes, c'est la raison pour laquelle nous avons lancé ce projet dans ces locaux » explique le trentenaire en tirant sa casquette.
Ainsi, créant un melting-pot culturel unique, le G hip hop a assuré la réinsertion sociale de nombre de jeunes de la localité qui avaient sombré dans la délinquance. « Ce quartier est très particulier, presque sur dix jeunes, huit ont déjà fait la prison. La violence et la délinquance sont des réalités ici parce qu’ils (les jeunes) quittent très tôt l’école, faute de moyens des parents », confie Malal Talla, alias Fou Malade, le porteur de ce projet.
Rompre avec le passé…
En réalité, la mauvaise influence et la tentation ont réussi à prendre le dessus sur plusieurs jeunes du quartier. Alassane Niang faisait partie de cette génération qui a eu à suivre cette mauvaise direction. « On avait des grands frères qui faisaient des choses pas très catholiques. C’est-à-dire vendre du chanvre indien, se camoufler dans les cars rapides pour voler les biens d’autrui ou encore attendre la nuit pour agresser les dignes citoyens. Etant jeunes, on pensait que c’était la voie normale à emprunter ».
L’homme, portant un treillis militaire, évolue aujourd’hui dans le graffiti qui est "l'âme visuelle" du hip-hop, son écriture. Et pourtant c’est ici qu’il a appris à développer ses talents de graffeur. Il fait partie de ceux qui ont embelli les murs de cet endroit.
C’est d’ailleurs l’une des choses qui attirent en premier l’attention sur ces lieux. En réalité, les murs sont ornés de portraits de personnalités charismatiques d'Afrique, telles que Nelson Mandéla, Thomas Sankara, ainsi que de personnalités religieuses telles que Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Ibra Fall, et bien d'autres encore.
« Avant même la fin de la construction de G hip hop, Fou malade nous a contactés pour nous demander de cesser toute activité liée à la délinquance et nous a suggérés de venir travailler chez G hip hop », conclut Alassane Niang avec ces mots empreints de gratitude et de respect envers Fou Malade.
Inauguré en avril 2013, le G hip hop est devenu, depuis, l’un des principaux lieux culturels de la commune, et il fait la fierté de ses habitants. « Il avait été observé que les jeunes manquaient d'espace pour s'exprimer. Les membres du mouvement hip hop local n'avaient pas non plus un endroit où ils pouvaient se réunir pour discuter de projets et explorer comment le hip hop, la citoyenneté et les besoins de la population pouvaient être rapprochés », explique Fou Malade, l’air satisfait.
Un message engagé…
Dans cet univers artistique et bouillonnant où le son des beats hip-hop résonne, accompagné les breakdancers (les danseurs du breakdance) qui exécutent leurs mouvements acrobatiques, les femmes également ont leurs mots à dire. Seynabou Diao, la vingtaine, vient de terminer sa séance de répétition du jour dans l’un des studios du centre.
« Il y a quelques années, on ne pouvait pas imaginer que des femmes se déplacent dans ces environs, car on prétendait qu'il y avait des bandits. Cependant, le G hip hop a réussi à redorer le blason du quartier grâce à ses différentes initiatives de sensibilisation à l’endroit des jeunes de Guédiawaye », raconte la jeune rappeuse.
Au-delà de sa dimension artistique, le hip hop se donne comme objectif de promouvoir la citoyenneté à travers les cultures urbaines, mais aussi et surtout participer à la bonne marche de la cité. « Tout ce que le hip hop réclame ne lui est pas uniquement destiné. En réalité, il parle pour ceux qui ne parlent pas, pour les populations ; parfois il oriente son discours sur la bonne gouvernance et la transparence », raconte Fou Malade.