Thiaroye 1944, un massacre à élucider
Il y a 80 ans maintenant a eu lieu le massacre au camp Thiaroye à Dakar. Les tirailleurs sénégalais, après avoir combattu aux côtés de la France, sont rapatriés au Sénégal. Ils se sont fait tués pour avoir réclamé leurs arriérés de solde et prime de démobilisation. Retour sur ce massacre.
Dans la nuit du 1er décembre 1944, aux environs de 05heures, des chars ont pris brutalement d’assaut le camp Thiaroye situé dans un quartier périphérique de Dakar. Des coups de feu retentissent, des cris fusent de partout et les gens courent dans toutes les directions.
Le sommeil de ceux qu’on appelait les tirailleurs sénégalais est brusquement interrompu. C’est le carnage. En 1940, en pleine seconde guerre mondiale, des soldats africains sont enrôlés pour combattre aux côtés de la France contre l’Allemagne. Ils viennent des colonies subsahariennes. Ces derniers jouent un rôle important dans la délivrance de la France des mains d’Adolph Hitler.
En 1944, General De gaulle ordonne le blanchissement des troupes. Une opération qui consiste à éclipser le soutien décisif des tirailleurs sénégalais dans la guerre. 1950 soldats sont rassemblés à Morlaix le 5 novembre sur le navire britannique Circasia à destination de Dakar. Environ 300 soldats refusent d’embarquer, faute de paiement. Ce n’est pas tout car 300 autres vont rester à Casablanca après une petite escale.
Le 21 novembre, ils arrivent à Dakar et s’installent au camp Thiaroye. Entre défaut de paiement et mauvais traitement, les revendications se multiplient au point que les choses débordent. Après une visite au Camp, Marcel Dagnan et Yves de bois Bessel organisent le massacre. Le drame fait une centaine de victimes enfouis dans des fosses communes. 35 des survivants sont emprisonnés avant d’être libérés 2 ans après.
En 2004, le président Abdoulaye Wade décrète la journée du 23 aout journée du tirailleur sénégalais. 80 ans après, les souvenirs restent.
En perspective de la commémoration des 80 ans de libération de la France , la France a décidé de la reconnaissance de six tirailleurs Africa « morts pour la France » à titre posthume. Une mention attribuait par l’office national des français et combattants et des victimes de guerres le 18 juin 2024.
Une reconnaissance qui n’a pas tarder à faire réagir le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko. Le président du Parti Pastef les patriotes a estimé dans un tweet que «ce n’est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’africains trahis et assassinés ».
Le 16 août 2024, le premier ministre a installé le comité de commémoration du 80 eme anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais survenus le 1er décembre. Un comité présidé par le professeur Mamadou Diouf. Il réuni des représentants des institutions, des experts et des acteurs de la société civile. Il sera chargé de rétablir les faits et proposer des actions mémorielles pour honorer les victimes .
Les nouvelles autorités du Sénégal entendent ainsi impulser un nouveau visage dans les relations avec l’ancienne puissance.