Le coût des médicaments préoccupe les malades
Après la baisse des prix des denrées de première nécessité, les Sénégalais exhortent les nouvelles autorités à revoir les prix de certains médicaments qu’ils jugent chers. Sur l’Avenue Cheikh Anta Diop près de l’hôpital Fann, les citoyens rencontrés décrient l’indisponibilité de certains médicaments au sein de l’établissement et fustigent leur cherté dans les pharmacies privées et les différences de prix d’un même médicament en fonction des officines.
La circulation est fluide en cette matinée du samedi 3 août sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Il est 11h ! Le soleil darde ses rayons obliques. Les trottoirs menant vers l’hôpital Fann sont remplis de différents produits, allant de vêtements aux fruits en passant par les accessoires pour téléphones. L’ambiance est morose, seuls quelques va-et-vient rythment la devanture de la structure hospitalière.
A gauche de l’avenue Cheikh-Anta-Diop en allant vers l’Université éponyme, se dresse la pharmacie « Signara » bâtie sur deux étages. Sur la route, les véhicules rivalisent de vitesse. Ce qui rend difficile d’ailleurs la traversée pour rejoindre l’autre sens. Devant l’officine, une voiture 4X4 noire est stationnée. A l’intérieur, une file indienne est visible. Les clients, ordonnances à la main, passent à tour de rôle devant le pharmacien. A peine sorti de la pharmacie, Elimane Fall, vêtu d’un Lacoste bleu-blanc et d’un pantalon kaki, se désole de la cherté des médicaments.
Plongé dans une réflexion profonde, le visage triste, le jeune Elimane déplore également l’indisponibilité de certains médicaments dans les hôpitaux. « Je suis venu acheter des médicaments dans cette pharmacie parce que celle de l’hôpital Fann n’en dispose pas. Ce qui rend d’ailleurs plus chères les ordonnances sachant que celle vendus dans l’hôpital sont plus abordables », explique-t-il en cherchant à traverser l’avenue.
Les prix varient d'une pharmacie à une autre
Assis sur une dalle en compagnie de son ami, Moussa Mendy, chauffeur de clando, déplore la cherté des médicaments dans les pharmacies. Selon ce trentenaire, barbe bien taillée, vêtu d’un maillot de basket assorti d’un pantalon blouson vert, certains médicaments deviennent de plus en plus chers. « J’ai constaté également que le prix du même médicament peut varier en fonction des pharmacies », ajoute-t-il en interpellant un client.
Il dit avoir fait cette remarque quand il payait un médicament pour sa femme. « La première pharmacie m’a vendu le médicament à 1500 francs CFA et quand je suis reparti dans une autre le même médicament m’est revenu à 1600 francs CFA », constate-t-il l’air surpris, avant de fustiger les conditions difficiles des malades dans les hôpitaux du pays.
Démarche chaloupée, visage pâle et couvert de rides, l’air dépité, Thérèse Compaoré s’empresse d’entrer dans l’hôpital. Cette ressortissante burkinabé assiste sa fille hospitalisée depuis quelques jours. Deux sachets remplis de médicaments à la main, Thérèse estime que les prix des médicaments sont exorbitants. « Ils sont vraiment chers. Celui-ci, je l’ai acheté à 9000 francs CFA et l’autre à 11500 francs CFA », se plaint-elle, en exhibant des capsules de médicament.
A quelques mètres de là, on croise Florence Mendy, la treintaine, de taille moyenne, vêtue d’un wax bigarré. Elle vient de Rufisque. Le visage marqué par la fatigue, elle juge chères les ordonnances prescrites à son parent interné dans l’hôpital. Un sachet contenant des médicaments à la main, le visage renfrogné et l’air préoccupé, elle se confie : « Les temps sont durs. On rencontre beaucoup de difficultés pour payer les médicaments et les analyses ». Selon elle, les nouvelles autorités doivent veiller à règlementer les prix des médicaments pour soulager les malades et leurs accompagnants.
Des fournisseurs différents
Sur la voie qui mène à Colobane se trouve la pharmacie « Actuel » au rez-de-chaussée d’un immeuble d’une hauteur assez importante. Un vigile arborant un uniforme bleu foncé est debout devant la porte d’entrée. A travers la baie vitrée, on aperçoit un parterre de médicaments exposés sur des étagères.
A l’intérieur, l’air est frais et une bonne odeur embaume la pièce. De teint clair et de taille moyenne, la mine enthousiaste, Marie-Louise Tavares, la pharmacienne justifie : « La différence de prix d’un médicament en fonction des pharmacies s’explique par le fait que les pharmacies ont des fournisseurs différents. Et puis la différence n’est pas colossale et varie entre 50 à 100 francs CFA », détaille-t-elle.
La cherté des médicaments dépend du type et de la qualité des remèdes prescrits, ajoute-t-elle. Pendant ce temps, sur les artères de Point E, le soleil est au zénith, la chaleur plus accablante. Chacun se débrouille pour se protéger contre les rayons brulants.