A l'Ucad, comment étudiants et enseignants s'approprient l'intelligence artificielle

L'utilisation de l'Intelligence artificielle (IA) est de plus en plus répandue dans le milieu académique. Des apprenants, des enseignants ou même des chercheurs ont tendance à solliciter cet outil. Devant la grande porte de la faculté des Sciences  et Techniques (FST) de l'Université Cheikh Anta Diop, Abdou Wahab, étudiant en licence 3 professionnelle, utilise régulièrement ChatGPT pour compléter ses recherches et préparer ses exposés. « L'IA m'apporte des pistes intéressantes, mais je ne m'y fie pas aveuglément, surtout pour les questions techniques », prévient-il. Ainsi, l'étudiant met en garde ses camarades de ne pas avoir trop confiance aux outils de l'IA.

  De l'intérieur, la fac est calme en ces heures de cours, c'est l'occasion de prolonger vers l'Ecole supérieure polytechnique (ESP). Au département de Génie mécanique, l'ambiance est timide sous l'effet du vent glacial que dégage ce couloir. Vêtu d'une veste noire soutenue par une écharpe au cou, Sham Gomis est scotché sur son écran. L’étudiant en Génie mécanique, abonde dans le même sens que son camarade de la FST: « L'IA facilite mes recherches personnelles, mais elle ne remplace pas le travail pratique.» Pour lui, l'un des méfaits de cette technologie est qu'elle rend paresseux ses utilisateurs.

  Rokhaya Mbaye, étudiante en Génie civil, voit dans l'IA un outil précieux pour la documentation et la conception. Elle apprécie particulièrement les applications comme Gama pour l'élaboration de plans. Mlle Mbaye souhaite que l'IA soit intégrée dans les facultés comme outil de recherches pour faciliter la documentation et l'accès à l'information.

  Antiquité

  Le Pr. Ibrahima Fall, chef du département de Génie informatique à l'ESP, rappelle que l'intérêt pour l'IA remonte à l'Antiquité. En fait, selon le professeur Fall, l'IA est cette capacité qui permet à une machine de stocker des données et de les restituer à la demande de façon raisonnable. Le département de Génie informatique de l'ESP dispose d'un Master en l'IA et Big data, ce qui a permis des recherches dans ce domaine au sein de l'université.

Le chef du département soutient que l'intelligence artificielle n'est pas quelque chose de nouveau. Cependant, c'est avec le développement du web 2.0 et la multiplication des données que l'IA a connu un essor considérable. Selon lui, les défis de l'intégration de l'IA dans l'enseignement supérieur sont à relever. Si l'IA offre de nombreuses opportunités, elle cause également de réelles inquiétudes.

« Les enseignants doivent s'adapter à ces nouvelles technologies et trouver les moyens d'intégrer l'IA dans leurs cours de manière pédagogique. C'est une réalité à laquelle il faut s'aligner pour ne pas se retrouver à la marge, car on ne peut bloquer le développement de la science », soutient le spécialiste en informatique. Par ailleurs, «il est essentiel de former les étudiants à un usage critique et responsable de l'IA », précise-t-il.

Encadrement 

  Le Pr Fall soutient par la même occasion que l'IA est en passe de transformer en profondeur le paysage éducatif. En offrant des expériences d'apprentissage plus personnalisées et plus efficaces, elle a le potentiel de révolutionner la façon dont nous apprenons et enseignons. Cependant, il est essentiel de développer ces technologies de manière responsable et éthique, en tenant compte des enjeux sociaux et en veillant à ce que l'IA serve le bien de tous. L’enseignant souligne l'importance de réguler l'IA pour éviter les dérives. « C'est une avancée majeure, mais il faut l'encadrer pour en tirer le meilleur parti », affirme-t-il.

L'IA est en train de révolutionner les méthodes d'apprentissage et de recherche dans le monde universitaire. Les étudiants et les enseignants s'approprient de plus en plus ces outils pour gagner en efficacité et en créativité. Cependant, il est essentiel de rester vigilant et de former les futurs professionnels à un usage éclairé de l'IA.