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Dépression post-partum au Sénégal : entretien avec Docteur Dieynaba Bassine Baldé

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La dépression post-partum est un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur au Sénégal. Sur les réseaux sociaux notamment sur le réseau X des femmes ont suscité un débat sur la question. Dieynaba Bassine Baldé, docteur en spécialisation en psychiatrie nous a accordé un entretien pour parler de cette problématique. Dr Baldé a fait sa thèse de doctorat en médecine sur la dépression post-partum à Dakar.

Comment définit-on la dépression post-partum ?

La dépression en tant que telle est la survenu d’une tristesse anormale que rien ne peut changer. Même s’il y un évènement heureux, la personne reste triste et cela dure plus de 15 jours. Durant cette période, la personne a une perte de plaisir.  Quand on dit partum cela renvoie à l’accouchement et la période du post-partum varie entre 4 et 6 semaines mais en Afrique puisqu’on allaite jusqu’à 2 ans la période du post-partum peut s’étendre.

Quels sont les signes apparents chez les mamans qui montrent qu’elles souffrent de dépression post-partum ?

La dépression post-partum se manifeste de diverses manières. Certaines femmes sont tristes ou pleurent beaucoup, d’autres ressentent une fatigue énorme ou ne parviennent pas à dormir. Cela peut aller plus loin avec des cas d’infanticides.

Qu’est-ce qui provoque la dépression post-partum ?

Plusieurs facteurs peuvent provoquer la dépression post-partum chez la femme. Il y a des facteurs qui sont en rapport avec la génétique de la personne, les antécédents liés à la dépression qui proviennent de sa lignés et les facteurs qui sont environnementaux. L’environnement est très important pour l’évolution de la femme après son accouchement. Un manque de soutien et d’assistance peut provoquer une dépression. 

Comment la dépression post-partum est-elle soignée ? Quel est le type de traitement utilisé pour guérir ces femmes ?

Avant de parler de traitement,  il faut d’abord investir dans la prévention. Mieux vaut prévenir que guérir. Il faut de nouvelles politiques de santé mentale maternelle et infantile qui va prendre en compte ce volet au niveau des postes de santé afin de discuter avec les femmes en état de grossesse et d’identifier les femmes susceptibles de faire une dépression après l’accouchement.  Cela permettra de prendre les devants.

Ensuite, il faut qu’il y ait une sensibilisation au niveau des familles pour éveiller et attirer l’attention de la population. Une femme qui vient d’accoucher doit bénéficier d’un traitement adéquat. Par exemple, elle ne doit pas faire trop d’effort comme les corvées entre autres et elle doit avoir des congés de maternités suffisant si elle travaille. Elle doit évoluer dans un environnement sain.

Les personnes qui vivent avec ces femmes doivent apporter un soutien à la maman pour prendre soin de l’enfant. Cela peut être dure à porter pour la femme surtout pour un premier accouchement.

Enfin, il faut procurer des bains et des massages à la femme afin qu’elle puisse se détendre et être bien dans sa peau comme cela se faisait avant.

Pour le traitement en tant que tel, la prise en charge est pluridisciplinaire. Des sages femmes, des gynécologues, des psychologues et même des psychiatres dans certains cas interviennent pour venir en aide à la femme. Toutes ces personnes travaillent en accord autour de la maman qui est le centre de la prise en charge. La dépression post-partum est classée dans la catégorie des dépressions classiques, donc la patiente peut bénéficier d’un traitement avec des médicaments.

Quelles sont les statistiques sur le nombre de femmes atteintes de dépression du post-partum au Sénégal et dans le monde ? 

Selon l’OMS il y a environ 10% de femmes qui souffrent de dépression post-partum dans le monde. En Afrique, les chiffres varient d’un pays à un autre et les statistiques sont comprises entre 5 et 50 % des femmes qui souffrent de dépression après l’accouchement. En Afrique du Sud par exemple les études montrent que 50 % des femmes ont une dépression après l’accouchement. 

Au Sénégal, l’étude que j’ai faite sur la dépression post-partum est la seule qui existe sur la question et elle ne concerne que la région de Dakar.  Le résultat de mes recherches que j’ai effectué dans les centres de santé ont montré que 25 % des femmes souffrent de dépression après leur accouchement.

 

 

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Anta Gaye Ndoye

Etudiante en troisième année de journalisme au CESTI, je suis passionnée par le fact-checking (vérification des faits). Je m'intéresse également aux questions d'ordre économique et l'environnementale.

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