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Cours particuliers à domicile, l'excellence à prix d'or

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 Face au niveau des élèves de plus en plus faible, certains parents ou tuteurs d’élèves sollicitent le service d’enseignants ou étudiants pour dispenser des cours particuliers. Utiles aux élèves, ces cours de renforcement ne sont toutefois pas à la portée de toutes les « classes sociales ».

 « Avant, je peinais sur les matières scientifiques à l’école. Mais, depuis que j’ai commencé à suivre des cours à domicile, je sens une nette amélioration et j’arrive à comprendre mieux en maths et en physique-chimie. Ça s’est reflété sur mes notes », se réjouit Yacine Fall, une élève en classe de 1e L2 dans une école privée aux Parcelles assainies Unité 25, dans la banlieue dakaroise.

11 heures, c’est l’heure de la pause. C’est la cacophonie. Les élèves, dans leur tenue identique, occupent toute la cour, ceinte par les bâtiments marrons à deux niveaux, abritant salles de classes et bureaux de l’administration. La plupart se regroupent par affinité sous les arbres qui fournissent un peu d’ombre.

 Après plusieurs heures passées dans les salles, certains profitent de cette pause pour se restaurer auprès des vendeuses de « pain-thon ou pain ndambé », en guise de petit-déjeuner.  D’autres préfèrent lézarder, profitant des rayons UV qui arrivent à passer les mailles de l’enceinte de l'établissement par cette fraîcheur matinale. Trouvée assise sur l’un des nombreux bancs en béton, en discussion avec ses amis, Yacine Fall, d'un ton bredouillant, affirme que les cours particuliers l’ont beaucoup aidée à combler ses lacunes trainées depuis le collège malgré la cherté du paiement.

  Ces cours sont dispensés par des répétiteurs qui, pour la plupart du temps sont des étudiants ou des enseignants selon le niveau des potaches. Marie-Ange Diamacoune, enseignante de l’élémentaire dans les établissements privés, dispense des cours de renforcement. Mme Diamacoune, la trentaine, estime que ces cours aident énormément les élèves qui sont à la traîne en classe.    « Après l’école, je donne des cours de renforcement les mercredis et samedis, jours où il n’y a pas de cours le soir », dit-elle, assise, à côté d’un vendeur de café, à quelques encablures de l’école pour profiter de la pause.

Dans sa tenue en wax aux couleurs bigarrées, les lunettes bien ajustées à la forme de son visage ovale et un foulard bien noué sur sa tête, elle confirme que ces cours sont favorables aux élèves pour leur compréhension. « La majeure partie des enfants que j’encadre ont un bon niveau. D’habitude, ils font partie des dix premiers de la classe. Cependant, j’avoue avoir eu un cas où l’élève avait des problèmes d’écriture et de lecture. Avec le temps, il s’est beaucoup amélioré à mon plus grand bonheur », s’extasie-t-elle.  

 Ce sentiment de satisfaction, Mme Diamacoune le partage avec des parents d’élèves. Ces derniers se réjouissent de ces encadrements, à l’image de Ndeye Anta Fall, vendeuse de jus et de sachets d’eau à l’extérieur de l’établissement. Habillée en grand boubou bleu, un foulard blanc autour de la taille, assorti d’un survêtement, elle est assise devant son éventaire, sur lequel sont posées deux glacières orange. Sur l’une, se trouve une bouteille de jus de bissap (fleur d’hibiscus) et sur l’autre, un sachet d’eau.

 À la fin de la pause, son moment de répit à elle, Mme Fall avoue être agréablement surprise par le niveau de ses enfants, encadrés par un étudiant, fils d’un de ses voisins. « Cela fait maintenant 3 ans que mes deux enfants suivent des cours de renforcement après l'école. Depuis lors, ils sont parmi les meilleurs de leur classe », soutient la dame, le visage rayonnant.

Selon elle, le seul hic, c'est le coût élevé des cours, même si elle bénéficie d’une réduction. « Le précepteur de mes enfants habite dans le quartier. Il encadre mes enfants à bas prix sinon, les autres payent assez cher pour s’attacher ses services », conclut Mᵐᵉ Fall, rangeant ses affaires pour rentrer à la maison.

                Un encadrement cher payé

 Les parents ne sont pas les seuls à déplorer cette cherté des cours de renforcement. Pour certains élèves, faute de moyens, les cours de soutien à domicile demeurent un luxe que leurs parents ou tuteurs ne peuvent se permettre. Cependant, tout le monde ne s’accorde pas sur l’efficacité de ces cours. « Mes camarades qui en font chez eux ne sont pas meilleurs que moi en classe », ironise Jean Faye, camarade de classe de Yacine Fall.

Détendu, le collégien d’à peine 18 ans esquisse un sourire narquois sur son visage clairsemé d’acnés juvéniles. « Les conditions ne sont pas réunies pour que mes parents engagent un professeur. On doit payer au moins 20 000 F CFA pour espérer faire ces cours ». Non seulement il a un emploi du temps très chargé, mais les heures auxquelles ces cours sont dispensés ne l’arrangent pas. « Après l’école, je vais au terrain pour m’entrainer malgré un programme scolaire très fourni. Jusqu’ici, je m’en sors bien, j’apprends tout par moi-même sans l’aide de personne », précise-t-il, sous le regard stupéfait de ses camarades, assis à côté de lui.

 Dispenser un cours à domicile demande un investissement personnel de l’enseignant. De la recherche de la documentation à l’encadrement limité à deux élèves au maximum par cours, le service revient cher forcément. « Je suis très rigoureux en ce qui concerne l’encadrement de mes élèves. C’est la raison pour laquelle je ne donne pas de cours particuliers pour moins de 25 000 F CFA par élève pour les classes du secondaire », clarifie M. Amadou Ly, professeur de Sciences physiques aux établissements du moyen-secondaire. Il estime qu'il est quasi impossible de donner des cours à domicile à plus de 2 élèves, s’ils ne sont pas de la même famille.

« Contrairement aux élèves du collège qui peuvent être regroupés, on ne peut avoir qu’un ou deux élèves du secondaire, s’ils habitent dans la même maison, à encadrer par cours. D’où mon investissement personnel pour atteindre mes objectifs, car si le nombre d’apprenants est restreint, l’attention est totale. Mais cela a un coût, flexible selon la bourse des parents d’élèves », assume le jeune professeur avec une grande fermeté.

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Etudiant en journalisme au CESTI

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