Les codifications à l'ère de la digitalisation

Au crépuscule de ce mois de février, refait surface tels les premiers jours de la lune, le sujet « brûlant » des codifications. Le logement des étudiants dans le campus, un aspect essentiel de la vie universitaire offre non seulement un lieu de résidence, mais également un environnement propice à l’apprentissage et à l’intégration sociale. Un sujet qui va se prolonger jusqu’à l’aube du mois prochain, date à priori retenue pour la sortie des nouvelles codifications.
Dans sillage de l’initiative « Jub Jubal Jubanti » portée par les nouvelles autorités du pays, le service d’hébergement du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) ne veut pas être en reste. Ainsi, il entend moderniser son système d’attribution des logements.
Cette année, le service d’hébergement opère un virage décisif en misant sur la digitalisation des codifications. Une initiative qui marque une rupture claire avec les pratiques antérieures et vise plus de transparence et d’efficacité.
Massamba Seck, chef de Département Hébergement Coud, souligne l’enjeu de cette réforme : « il faut plus de transparence dans les processus et faciliter davantage la tâche aux étudiants. » Toutefois, il reste ferme sur un point qui demeure inchangé « les critères de sélection, comme lors des années précédentes resteront fondés sur l’excellence. » Il ajoute que la digitalisation permettra également une meilleure sécurisation des données, limitant ainsi les risques de pertes d’informations. Mais aussi, alléger la démarche pour les étudiants, leur permettant d’effectuer l’essentiel des procédures à distance.
Serigne Gakou Aïdara coordonnateur des écoles et instituts de l’ucad et membre du collectif des amicales salue cette initiative. Il rappelle qu’elle s’inscrit dans la mise en œuvre des recommandations issues des assises de l’université tenues en octobre 2023.
Bien que cette digitalisation semble faciliter le logement des étudiants, elle suscite néanmoins des interrogations. « Toute digitalisation implique l’utilisation des données à caractères personnelles des étudiants. De ce fait, nous avons demandé aux autorités de veiller à leur protection », prévient-il. Il exprime également des doutes quant à l’efficacité de cette « nouvelle réforme » pour lutter contre la vente illégale de lits dans le campus.
Une plateforme au service des étudiants
Ainsi, la plateforme numérique s’adressera aux étudiants remplissant les critères de sélection. Mame Balla Sylla, représentant de l’amicale des étudiants du Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) détaille la procédure : « l’utilisation de la plateforme est simple. D’ailleurs, un guide sera disponible pour accompagner les étudiants dans leurs inscriptions. Ils devront entrer leurs données, mais pour finaliser la procédure, un passage au service d’hébergement sera nécessaire. » Le processus sera enclenché dès le 3 mars, selon le president du comité sociale du Cesti, en collaboration entre les amicales, la Direction de l’Informatique et des Systèmes d’Information (DISI) et le service d’hébergement du Coud.
Cette digitalisation, vise aussi à mettre un terme aux pratiques opaques qui alimentent un réseau parallèle de système d’attribution des logements. Car depuis des années, des chefs de résidence sont accusés d’être en complicité avec certains syndicats dans la vente illégale de lits sur un véritable « marché noir » dans le campus.
Lamine Sow, ancien étudiant en Master au département d’histoire et nouvellement intégré au Cesti, accueil cette initiative avec soulagement. Selon lui, elle pourrait même conduire jusqu’à la disparition des syndicats d’étudiants à l’université. « Les amicales au lieu de faciliter l’accès au logement des étudiants, compliquent davantage la situation. Beaucoup ont dévié de leur mission initiale. Elles servent davantage leurs propres intérêts, plutôt que ceux des étudiants. Avec cette digitalisation, elles vont disparaître purement et simplement ».
Une opinion que ne partage pas Mame Balla, PCS de l’amicale du même établissement, qui souligne que même si le pouvoir des amicales semble être réduit, leur existence encore aujourd’hui demeure fondamentale.
Bien qu’elles ne puissent plus attribuer des codifications à leur guise, il insiste sur le fait que les écoles et instituts ont des réalités qui leur sont propres. « Choisir les bénéficiaires sur la base des critères d’excellence est louable certes, mais seules les amicales connaissent réellement la situation sociale des étudiants. Par exemple il peut y avoir des étudiants non sélectionnés mais, pour des raisons de nécessité sociale, ont besoin d’un logement. C’est là que nous (amicales) intervenons pour leur trouver une solution ». Une solution qui même si ne résout pas tous les problèmes donne au moins un toit à un étudiant.
Les logements universitaires jouent un rôle crucial. Il offre un hébergement indispensable à de nombreux étudiants venant de différentes régions du pays ou de l’étranger. Ainsi, un accès équitable et transparent à ces logements conditionne en partie leur réussite académique et leur bien-être. Comme le souligne Lamine Sow, étudiant au Cesti : « Le logement c’est pour les étudiants, il faut leur faciliter l’accès ».
