Suspension du transport interurbain à partir 00h : Des nuits incertaines pour les voyageurs

Depuis la mesure relative à la suspension des transports interurbains entre 00H et 5h, des voyageurs passent la nuit en cours de route, parfois à la belle étoile. Un bus quittant fouta pour Dakar a fait escale à la ville de Kébémer. Les voyageurs demandent la levée de la mesure.
Il est 23h 51 min, le chauffeur cherche avec parcimonie un espace où il garât ensuite le bus. Il éteint le moteur, et dis en wolof « fii lañuy fanaan » « c’est ici qu’on va passer la nuit », au grand dam de quelques-uns qui espéraient grappiller encore quelques kilomètres.
A cette heure, Kébémer nage dans un semblant de calme. La localité ne vogue plus dans le brouhaha de ville. Mais, elle est loin aussi du silence sépulcral des villages à pareilles heures. Juste quelques va-et-vient entre boutiques et restaurants encore ouverts et qui attendent les derniers clients.
Les voyageurs se lèvent paresseusement de leur siège et descendent du véhicule. Chacun se hâtent pour ses besoins les plus pressants. Du café pour s’extirper de la somnolence, des ablutions pour rattraper les prières, un sachet d’eau pour se rafraîchir, ou plus encore, chercher des latrines pour se soulager.
C’est à cette ville où les voyageurs du bus qui quittent Fouta en partance pour Dakar font une escale de fortune. Ceci fait suite à la mesure prise par l’état du Sénégal en janvier 2023 pour limiter le nombre d’accidents. Suspendre le transport interurbain de 00h à 5h.
Amadou Diallo, un jeune, est assis dans un restaurant de la place. Il fait défiler machinalement ses doigts sur téléphone. Il ouvre l’application TikTok et commence à scroller. Amadou a quitté Doumga Lao pour se rendre à Koumpentoum, et il a préféré passer par Dakar, puisqu’on lui a dit que c’est le chemin le plus rapide. Malgré tout, il estime que la mesure doit être levé. « Arriver à dakar, je prends un autre bus pour me rendre directement à Koumpentoum, j’arriverai surement demain vers 19h, » témoigne-t-il. Il ajoute « cette mesure nous fait perdre beaucoup de temps, et on n’a pas de temps à perdre et surtout que passer la nuit ainsi est très compliqué ».
Bouyla Sock, la cinquantaine, le visage renfrogné, regard hagard, est en train de jouer avec sa fille posée sur ses genoux. Il est assis sur une chaise devant la porte du restaurant. Il s’estime heureux de passer la nuit dans une grande ville. « J’espérai arriver tôt, mais avec ça ce n’est pas possible. Le voyage en journée est beaucoup trop difficile, c’est pour ça que je préfère voyager le soir. Heureusement qu’on s’est arrêté à une ville ou on peut encore tout trouver » lance-t-il. « L’autrefois, on nous a fait passer la nuit à une localité où tout le monde dormait pratiquement et il n’y avait rien du tout à manger où un espace ou se reposer le temps de repartir » se souvient-t-il.
